Fin octobre, quatre députées se sont présentées voilées à une séance du parlement turc. Une première depuis 14 ans dans ce pays musulman mais laïque. Le président Erdogan a récemment aboli l'interdiction de porter le voile islamique dans la fonction publique et a expressement demandé aux parlementaires de respecter la décision de ces quatre députées : «Il n'y a aucun règlement au Parlement qui l'interdise et chacun doit respecter la décision de nos sœurs à ce sujet.» Nurcan Dalbudak, une des députées voilées déclare : «Nous allons assister au début d'une nouvelle ère importante et nous jouerons un rôle moteur. Nous serons des porte-drapeaux, c'est important.» Dans les faits, aucun texte n'interdit le port du voile dans les administrations. Cependant, le Parti Républicain du Peuple (CHP), principale formation de l'opposition laïque, souhaite contester l'initiative des quatre députées. «Nous ne resterons jamais silencieux face à des actes visant à éliminer le principe de laïcité», martèle la députée CHP, Dilek Akagün Yilmaz.Le voile : une question symbolique en Turquie. Il cristallise l'opposition entre les élites laïques pour lesquelles le voile est une insulte aux piliers de la Réuplique fondée par Atatürk et les tenants de l'islam politique, qui invoquent les libertés publiques.Après l'université et le Parlement, c'est aussi à la télévision publique que le voile a fait son apparition. La présentatrice Feyza Cigdem Tahmaz est apparue à l'antenne pour présenter les informations, la tête recouverte d'un voile noir. Selon elle, une forme de «normalisation» est en marche en Turquie sous l'impulsion de l'AKP de Recep Erdogan. Longtemps, des femmes turques ont été mises au ban de la société en raison du voile qu'elles portaient. «Il fallait en finir avec ce problème», conclut la présentatrice des JT.