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Ce que l'on sait de l'attentat à Istanbul qui a fait au moins 41 morts

Trois personnes se sont fait exploser mardi soir à l'aéroport international Atatürk, dans la mégalopole turque. Le gouvernement turc accuse l'Etat islamique.

Article rédigé par franceinfo
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Un officier de police intervient à l'aéroport Atatürk après l'attentat du 28 juin 2016. (OZAN KOSE / AFP)

Istanbul a été frappée, mardi 28 juin, par l'attentat le plus meurtrier de son histoire. Ce triple attentat-suicide perpétré à l'aéroport international de la capitale économique turque a fait au moins 41 morts et 147 blessés. Voici ce que l'on sait de cette attaque.

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Que s'est-il passé ?

Les assaillants sont arrivés à l’aéroport à bord d’un taxi, a expliqué le Premier ministre turc, Binali Yildirim, lors d’une conférence de presse. Des explosions ont d'abord retenti à l'entrée du terminal des vols internationaux vers 22 heures. Trois assaillants ont mitraillé des passagers ainsi que des policiers en faction, puis se sont fait sauter. Le gouvernement turc n'a communiqué ni leur identité, ni leur nationalité.

Des photos et vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent une énorme boule de feu à l'entrée du terminal et des membres de la sécurité en train de faire évacuer des passagers hurlant dans les couloirs, pris de panique. On voit aussi des personnes gisant au sol.


Attentat en Turquie : les images de la vidéosurveillance montrent l'extrême violence des explosions

Un photographe de l'AFP a vu des corps recouverts de draps dans le terminal, jonché de bagages abandonnés. Des centaines de policiers et pompiers étaient sur place. "J'attendais mon vol pour Tokyo quand, soudain, plein de gens se sont enfuis et je les ai suivis. J'ai entendu des coups de feu et c'était la panique", a expliqué à l'AFP une Japonaise, Yumi Koyi.

La police et des secouristes interviennent à l'entrée de l'aéroport Atatürk, à Istanbul (Turquie), le 28 juin 2016. (OZAN KOSE / AFP)

Selon des témoins, une autre fusillade a éclaté sur le parking. Il s'agissait en réalité de tirs de la police destinés à "neutraliser" des suspects à l'entrée de l'aéroport, indique un responsable turc à l'agence Reuters.

Qui sont les victimes ?

Au moins 41 personnes ont été tuées et 239 blessées, selon un dernier bilan officiel. Treize ressortissants étrangers, dont deux binationaux Turcs comptent parmi les victimes. Il s'agit de cinq Saoudiens, deux Irakiens, un Chinois, un Jordanien, un Tunisien, un Ouzbèque, un Iranien et un Ukrainien comptent parmi les victimes. Le consulat général de France à Istanbul a ouvert une cellule de crise joignable au numéro suivant : 90 212 334 87 50.

Qui a commis l'attentat ? 

Le gouvernement turc a rapidement mis en cause l'Etat islamique. Le Premier ministre, le visage grave devant la presse sur les lieux de l'attaque, a indiqué dès mardi soir que "les indices point[aient] Daech". Les observateurs ont d'ailleurs noté cette rapidité, Ankara étant généralement plus prompte à mettre en cause les rebelles kurdes du PKK ou du TAK, comme l'écrit sur son compte Twitter cette journaliste indépendante.

On ne sait rien pour l'instant des assaillants, le gouvernement turc n'ayant pas communiqué sur le sujet. Oftah Mohammed Abdullah, une femme de nationalité non précisée, raconte à l'AFP ce qu'elle a vu d'un des kamikazes : "Il avait une écharpe rose, une veste courte et avait caché un fusil [dessous]. Il l'a sorti et a commencé à tirer sur les gens. Il marchait comme un prophète."

La façon dont cet attentat a été perpétré évoque le double attentat à l'aéroport de Zaventem, à Bruxelles, commis par une cellule jihadiste et revendiqué par le groupe Etat islamique.

Quel est le contexte ?

Cet attentat se déroule en plein ramadan, le mois du jeûne musulman. Le régime islamo-conservateur du président Erdogan a été à de multiples reprises pointé du doigt pour sa proximité avec l'Etat islamique, avant, semble-t-il, de faire volte-face. Voisin de la Syrie, le pays a accueilli plus de 2,7 millions de réfugiés syriens fuyant leur pays en guerre, selon le Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (en anglais). Mais cette politique a changé : "Depuis plusieurs mois, la frontière est techniquement fermée", relève Libération.

En interne, un autre front est ouvert à l'est de la Turquie, où les affrontements ont repris entre l'armée et la police turques et les rebelles kurdes du PKK, qui ont fait voler en éclats un fragile cessez-le-feu débuté en mars 2013.

Quels sont les précédents ?

Istanbul et Ankara ont été secouées depuis l'an dernier par une série d'attentats qui ont fait près de 200 morts, des centaines de blessés et créé un climat de forte insécurité.

Istanbul avait déjà été visée par des attaques en janvier (douze touristes allemands tués, imputée à l'EI), en mars (quatre touristes tués – trois Israéliens et un Iranien – attribuée aussi à l'EI) et début juin (onze morts, dont six policiers, revendiquée par les combattants kurdes).

Les attentats en Turquie ont visé soit des lieux touristiques emblématiques, provoquant une chute immédiate du tourisme, soit les forces de sécurité turques. La rébellion kurde vise, elle, plutôt l'armée et la police.

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