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Turquie : le journal Zaman transformé en "feuille de chou" pro-gouvernement

C'est un changement éditorial à 180 degrés pour le quotidien turc d'opposition Zaman. 24 heures après sa mise sous tutelle, le journal est devenu un organe de presse pro-gouvernement.
Article rédigé par Alexandre Billette
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Un manifestant vendredi devant le siège du journal Zaman à Istanbul © REUTERS/Stringer)

Malgré la prise de contrôle par de nouveaux administrateurs, le quotidien Zaman est en kiosque ce dimanche en Turquie. Mais ce ne sont pas les journalistes habituels du quotidien qui l'ont préparé. Rien à voir avec la une de la veille, "Jour de honte pour la presse".

Ce dimanche le plus gros tirage du pays titre : un "enthousiasme historique", référence à un déplacement du président. Recep Tayyip Erdogan assiste à une cérémonie sur le futur troisième pont d'Istanbul.

La réplique des anciens journalistes

Sur Twitter les anciens du journal dénoncent cette "feuille de chou pro-gouvernementale", un "modèle de propagande" imprimé on ne sait où durant la nuit de samedi à dimanche. Certains journalistes de Zaman disent être suivis par des policiers pour les empêcher de rejoindre leurs bureaux.

Ils ont décidé de répliquer avec le lancement d'un nouveau journal, Yarına bakış, le "Regard vers demain" avec à la une, les images des rassemblements de ce samedi et une jeune manifestante ensanglantée.

La police avait dispersé avec violence les personnes rassemblées devant le siège du quotidien. Elle avait fait usage de gaz lacrymogènes et de balles de plastique contre une foule composée notamment de femmes et d'enfants, qui protestait contre la mise sous tutelle de Zaman décidée par la justice.

Une "provocation" avant le sommet UE-Turquie 

"C'est un paravent de justice ", dénonce sur France Info Christophe Deloire, le secrétaire général de Reporters sans frontières. "C'est l'exécutif qui décide, c'est Erdogan lui-même. " Il voit là le dernier signe "d'une spirale despotique " du chef de l'Etat, mais aussi une "provocation " avant le sommet de lundi entre la Turquie et l'Union européenne à Bruxelles. 

"C'est au-delà d'une dérive autoritaire", Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières

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