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Lutte contre le terrorisme : les approximations de Sarkozy sur la police

Le président de l'UMP a répondu au gouvernement en proposant, mercredi sur France 2, ses mesures pour lutter contre le terrorisme. Avec quelques approximations. Francetv info revient sur ces propos.

Article rédigé par franceinfo
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Le président de l'UMP, Nicolas Sarkozy, au siège du parti, à Paris, le 22 janvier 2015. (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

L'union nationale se fissure peu à peu. Deux semaines après les attentats qui ont touché la France, Manuel Valls a détaillé et complété, mercredi 21 janvier, les "mesures concrètes" prises par le gouvernement pour lutter contre le terrorisme.

Quelques heures plus tard, invité du journal de France 2, le président de l'UMP, Nicolas Sarkozy, a répliqué et présenté ses propositions. L'ancien chef de l'Etat s'est notamment attaqué à une annonce de l'exécutif, qui souhaite créer 2 680 emplois consacrés à la lutte contre le terrorisme sur les trois ans à venir. Pas assez rapide au goût de Nicolas Sarkozy, qui a fait entendre ses critiques, au prix de quelques approximations.

Les heures supplémentaires

Ce qu'a dit Nicolas Sarkozy. Le président de l'UMP juge qu'il faudra du temps avant que les effectifs promis par le gouvernement soient opérationnels. "Il faut deux années pour former un gardien de la paix", explique-t-il. En attendant, il a une solution : "Décider immédiatement de rétablir les heures supplémentaires dans la police et dans les services de renseignement."

Pourquoi ce n'est pas si simple. En réalité, les heures supplémentaires n'ont pas vraiment disparu. Pour les gardiens de la paix, elles s'accumulent sur un compteur temps qui donne droit à des jours de récupération, et non à des compensations financières, explique un responsable syndical au Parisien.

Sauf que, dans la pratique, il est impossible pour les policiers, "du fait des nécessités du service", de récupérer ces heures, observait la Cour des comptes en 2013. Reportées d'année en année, elles atteignaient un total de 19 millions d'heures, soit l'équivalent de 12 000 à 13 000 emplois sur une année, d'après les sages de la rue Cambon. "Ça va représenter des millions d'euros, (...) on paiera avec quoi ?", s'interroge un syndicaliste policier dans Le Parisien.

L'évolution des effectifs

Ce qu'a dit Nicolas Sarkozy. "C'est faux, totalement faux", a répondu l'ancien président de la République, interrogé sur la baisse des effectifs de police durant son quinquennat. Pour le patron de l'UMP, "les chiffres parlent d'eux-mêmes". "Entre 2002 et 2011, on a eu 1 700 postes de plus, assure-t-il. Je crois que le ministre de l'Intérieur avant [2007] et le président après étaient les mêmes personnes, j'essaye d'englober le total."

Pourquoi ce n'est pas si simple. En réalité, les effectifs dans la police nationale ont bien diminué lorsque Nicolas Sarkozy était à l'Elysée, comme le montre un rapport parlementaire d'octobre 2014. En 2007, année de son arrivée à la présidence, la police nationale comptait 149 965 équivalents temps pleins travaillés (ETPT). Cinq ans plus tard, ils n'étaient plus que 143 872, soit une baisse de 6 093 ETPT.

Si l'on choisit, comme Nicolas Sarkozy, de remonter plus loin dans le temps, là aussi, la bataille de chiffres fait rage. En 2011, le secrétaire national du PS chargé de la sécurité, Jean-Jacques Urvoas, dénonçait la "diminution" de la présence policière sur la voie publique, rappelle Le Monde. En 2003, pointe le journal, le plafond d'emploi prévu par la loi de finances s'élevait à 149 411 pour la police, puis à 149 965 en 2007 et à 145 504 en 2011. Soit une baisse de près de 3 % des effectifs. Le quotidien observait donc cette diminution, mais évoquait aussi un autre indicateur : le taux d'occupation de la voie publique, qui correspond au pourcentage de l'effectif de policiers occupés effectivement à être présents sur le terrain. Il a augmenté entre 2005 et 2009.

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