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Fêtes de l'été : ce que les agents de sécurité trouvent en fouillant les sacs

Dans le contexte de la menace terroriste, les fêtes qui n'ont pas été annulées ont vu leur sécurité renforcée, et le contenu des sacs est surveillé avec encore plus d'attention.

Article rédigé par Louis Boy
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Des agents de sécurité contrôlent les sacs des visiteurs d'un festival de musique à Manosque (Alpes-de-Haute-Provence), le 23 juillet 2016. (MAXPPP)

Fêtes de Bayonne, fêtes maritimes de Brest, festivals de musique : si vous avez assisté à un des nombreux événements estivaux organisés partout en France, vous avez sans doute remarqué une sécurité renforcée par rapport aux années précédentes, en raison de la menace terroriste. A Paris, notamment, plusieurs événements, comme un tournoi de basket et des projections de films en plein air ont même été annulés. Dans ce contexte, l'inspection du contenu des sacs et la palpation des visiteurs sont devenus des gestes habituels. Mais que découvrent les agents de sécurité qui effectuent ces examens ? Francetv info a posé la question à deux sociétés de sécurité.

"A voir le nombre de couteaux, il y a beaucoup de saucisson à couper"

Sans surprise, le premier objet cité est le couteau, un incontournable des poches et sacs des visiteurs. "C'est à croire qu'il y a beaucoup de saucissons à couper", plaisante Ralph Bonan, président du groupe Abscisse sécurité. Si les plus grands couteaux sont interdits par la loi, c'est aux organisateurs d'événements de décider s'ils veulent interdire les plus petits, ce qui était le cas aux fêtes maritimes de Brest, en juillet. Selon Lamine Bahasker, qui coordonnait la sécurité de l'événement, "95% de ce qu'on a trouvé étaient des couteaux portés à la ceinture", ce qu'il explique par un public composé pour beaucoup de marins "qui en ont toujours un sur eux, ne serait-ce que pour ouvrir des huîtres".

Ces visiteurs porteurs d'armes blanches pourraient-ils chercher à blesser quelqu'un ? Pas vraiment. "On a des gens qui passent leur week-end à faire leur moquette et gardent le cutter dans leur poche. On ne peut pas savoir si ce qu'ils nous racontent est vrai ou faux", concède Ralph Bonan. "En tout cas, si l'objet est interdit, il est interdit". Le plus souvent, l'affaire se règle tranquillement et l'objet est laissé à la consigne, même si "les gens ne comprennent pas toujours qu'un coup de canif puisse blesser quelqu'un".

Les bouchons de bouteilles, des projectiles potentiels

Les sacs regorgent de divers objets. "On trouve beaucoup de ciseaux et bombes lacrymogènes, notamment chez les femmes", estime Lamine Bahasker. Mais des tournevis, des marteaux, et – grand classique – des bouteilles en verre aussi. Ralph Bonan explique qu'il lui arrive de découvrir des armes factices, comme des pistolets à billes : "Là, on prend toutes les précautions si on ne sait pas ce que c'est. On éloigne le sac de la personne, on sort l'objet à l'abri des regards pour ne pas provoquer de panique, et on sollicite les forces de l'ordre qui sont souvent à proximité." Parmi ses découvertes les plus étonnantes, Lamine Bahasker retient, lui, des mélanges d'alcools parfois effayants, surtout lors de festivals : "ça va du whisky-coca classique à la vodka-gasoil", assure-t-il.

La liste des objets pouvant être confisqués est parfois surprenante, notamment quand il s'agit d'empêcher l'entrée de tout ce qui peut servir de projectile. Aux fêtes maritimes de Brest, les cannettes et bouteilles en verre étaient bien sûr prohibées, mais aussi les bouchons des bouteilles en plastique. Et dans certains environnements comme les stades ou certains concerts, on confisque les perches à selfie, "qui peuvent être utilisées comme une matraque", ou encore les batteries qui permettent de recharger son téléphone, "le grand truc du moment", et qui font de très bons projectiles.

Se méfier même d'un sandwich emballé d'aluminium

Coordinateur de la sécurité des fêtes maritimes de Brest, Lamine Bahasker explique que – avant même l'attentat de Nice qui a provoqué un renforcement du dispositif –  la liste des consignes de sécurité avait été élargie cette année. "Par exemple, avant, on n'était pas aussi attentifs aux sandwichs enveloppés de papier aluminium", explique-t-il. "Aujourd'hui, on les ouvre systématiquement, car ils peuvent cacher autre chose. Et on a fait passer le message aux visiteurs pour qu'ils privilégient les emballages transparents." Avant l'événement, ce gérant de la société de sécurité BSP avait aussi une autre crainte : celle d'être piégé par un journaliste, venu tester l'efficacité du dispositif.

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