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Syrie: Bachar al-Assad gagne ... du temps

Alors que, après les attentats du 13 novembre en France, Occidentaux et Russes ont commencé à rapprocher leurs positions sur le dossier syrien. Alors que, sur le terrain, les états-majors amorcent une coopération contre Daech... le dictateur syrien, conforté par ce renfort international, n'entend pas se faire dicter sa conduite dans la perspective d'une transition politique.
Article rédigé par Véronique le Jeune
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le président syrien Bachar al-Assad à Damas le 14 novembre 2015. En arrière-plan, une délégation de parlementaires français. (HO / SYRIAN PRESIDENCY FACEBOOK PAGE / AFP)

En quelques mots, Bachar al-Assad a remis en cause la feuille de route que les grandes puissances ont tracée à Vienne, en Autriche, le 14 novembre 2015 dans l'espoir d'un règlement du conflit syrien. Le lendemain des attentats de Paris, qui ont agi comme un accélérateur tant d'un point de vue militaire que dans le domaine diplomatique, les dirigeants américain, russe, européens, arabes, iranien, parmi d’autres, se sont entendus sur un calendrier de transition politique en Syrie, sans toutefois s’accorder sur le sort de Bachar al-Assad lui-même. 
 
Mais, dans une interview à la télévision italienne Raï, le 19 novembre, le maître contesté de Damas a balayé le compromis de Vienne, pourtant signé par ses alliés russe et iranien. Pour lui, pas question de mettre en place un calendrier de transition prévoyant des élections, tant que des régions entières du pays seront contrôlées par les rebelles. A noter que certains de ces rebelles sont considérés comme une opposition légitime par les Occidentaux. Par la même occasion, Assad tente de renverser la situation en affirmant que la Syrie n'est pas «un incubateur naturel de l'Etat islamique».
 
Le tempo de Bachar
Revenu au centre du jeu – «à l'évidence, nous ne sommes pas attaqués par Bachar al-Assad», dit-on au Quai d'Orsay, citation publiée par Le Monde –, le président syrien, issu de la minorité alaouite qui tient le pays, en profite pour imposer sa cadence. «Ce calendrier pourra démarrer une fois qu'on aura commencé à vaincre le terrorisme. Vous ne pouvez rien obtenir politiquement tant que vous avez des terroristes qui s'emparent de nombreuses zones en Syrie», a-t-il dit. Dans la phraséologie du régime syrien, le terme «terroriste» désigne tous les rebelles sans distinction: modérés, islamistes ou djihadistes. Et Assad de conclure: une fois cette situation réglée, «un an et demi à deux ans suffisent pour une transition».

Pas du tout le programme prévu par les pourparlers de la capitale autrichienne qui envisagent une réunion entre le régime de Assad et des membres de l'opposition d'ici au 1er janvier 2016, la formation d'un gouvernement de transition dans les six mois, l'adoption d'une nouvelle Constitution puis la tenue d'élections libres dans les dix-huit mois. Autant d'événements démocratiques destinés à sécuriser le pays et à y ramener durablement la paix.

Rappelons que la guerre en Syrie a débuté en 2011, après la violente répression par le régime de manifestations qui demandaient davantage de démocratie. Les représailles ont dégénéré en une guerre civile complexe qui a fait plus de 250.000 morts et des millions de déplacés.

Les positions inconciliables des Etats-Unis et de la Russie à propos du sort de l'oppresseur syrien
L'antagonisme russo-américain concernant le devenir de Bachar al-Assad représente un autre obstacle de taille sur le chemin de la paix. A Manille, le 19 novembre, Barack Obama a redit qu'il n'imaginait pas «une situation dans laquelle nous pouvons mettre fin à la guerre civile en Syrie avec Assad qui resterait au pouvoir». Par là-même, il a écarté des suggestions de dirigeants du Proche-Orient et européens, notamment britanniques, selon lesquels le président syrien pourrait participer à de futures élections.

A l'autre bout du spectre, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov pour qui, au contraire, il est «inacceptable» d'exiger le départ de Bachar al-Assad comme «condition préalable à toute union contre le terrorisme». Moscou juge que sa participation à la coalition naissante contre Daech ne saurait se passer du respect de la souveraineté des autorités de Damas.

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