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Nihad, l’ancienne esclave sexuelle de Daech lance un appel déchirant

Nihad, Irakienne yazidie de 16 ans, avait été kidnappée par l'organisation Etat islamique. Violée à de nombreuses reprises, mère d'un garçon qu'elle a dû abandonner pour fuir, elle ne veut pas que le monde oublie les siens.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 4min
Nihad  Barakat Alawsi, esclave sexuelle de Daech (LEON NEAL / AFP)

Sa vie bascule en août 2014, Nihad avait 14 ans. Les djihadistes de l’Etat islamique prennent la ville de Sinjar (nord de l’Irak). La suite est un long cauchemar. La population, épouvantée, fuit la ville. «Nous avons été arrêtés à un  check-point. Nous étions 28 dans deux véhicules», se souvient Nihad  Barakat Alawsi, confiant  que ses parents et certains frères et sœurs étaient parvenus à s'enfuir.
 
Invitée à Londres par l'ONG britannique Amar, qui vient en aide en Irak aux  millions de personnes déplacées par l'avancée de l'EI, elle précise que deux de ses six sœurs et deux de ses douze frères sont toujours aux mains du groupe jihadiste. «Ce n'est pas une vie! Nous ne vivons pas tant que l'ensemble des nôtres ne sont pas sauvés (des mains) de Daech».
 

14 ans dans les griffes de l'Etat islamique (LEON NEAL / AFP)

La minorité yazidie, considérée comme hérétique par les jihadistes, a vécu l’enfer. Ni musulmans ni arabes, les Yazidis ont été tués ou enlevés par milliers. Le témoignage de Nihad est glaçant. Les djihadistes conduisent les Yazidis de Sinjar à Hassaké en Syrie, près de la frontière irakienne. «Près de 300 familles ont été regroupées dans une école. Pendant la  nuit, ils ont séparé les hommes», dit-elle.
 
La conversion ou la mort
«Ils nous ont dit : soit vous devenez musulmanes, soit nous tuons les hommes». Après consultation avec ces derniers, les femmes acceptent de «faire semblant» de se convertir. Après les avoir ramenés en Irak, «ils ont alors isolé les filles» et les ont conduites dans un gymnase à Mossoul pour les convertir et les marier. Devant leur refus, elles sont frappées pendant deux semaines. Puis l'émir local de l'EI Abou Diab et ses hommes sont venus. «Ils ont choisi 21 filles, les ont réunies dans une pièce et les viols ont commencé».


Veuve à 15 ans 
Nihad  a été «choisie» par Salam, un jihadiste de 25 ans. Après l'avoir violée, il l'a conduite dans sa maison familiale avec sa femme enceinte et leur  fils. Les viols se poursuivront. «Sa femme était désagréable, elle disait que je l'envahissais», se  rappelle-t-elle. Un mois et demi plus tard, le jihadiste, reparti combattre en Syrie, est tué.
 
Elle parvient alors à s'enfuir mais est rattrapée à Kirkouk et ramenée à Mossoul au quartier général de l'EI. «L'émir d'Al Kindi est revenu et m'a donné à son frère, Abou Farès». Ce père de quatre filles la viole à son tour et lui dit : «Si tu te convertis, je te ramène à ta famille». Nihad  accepte et retrouve une partie des siens, retenus dans des maisons d'Al Kindi. Elle découvre alors qu'elle est enceinte et évite de nouveaux viols en le disant à ses tortionnaires.
 
Après avoir tenté en vain d'interrompre sa grossesse, elle est ramenée chez  Abou Farès qui lui propose de l'épouser. Refus. Il renouvellera l'offre plusieurs fois. La réponse sera toujours négative.
 
Naissance d’Issa
Elle donne naissance à un garçon. «Je voulais lui donner un prénom yazidi, mais son père l'a appelé Essa ce qui veut dire Jésus». Elle l'allaitera pendant trois mois avant de parvenir, aidée d'une voisine, à appeler l'un de ses frères pour organiser sa fuite.
 
Jamais avec son fils 
Dans sa fuite, elle laisse son fils derrière elle.  «Je ne pouvais pas le ramener dans ma famille». Le 15 octobre 2015, un passeur la conduira au Kurdistan irakien, où elle vit depuis dans un camp de réfugiés avec sa famille. La fin de 14 mois de  calvaire. Quant à l'avenir? Nahid fait des rêves d’une adolescente : «J'aimerais aller à l'école, apprendre l'anglais, me  marier et avoir des enfants».

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