Daech réduit les salaires des jihadistes et multiplie les impôts fantaisistes
Les temps sont durs pour Daech. Le groupe jihadiste a vu ses revenus chuter de près de 30% depuis 2015, passant de 71 millions à 49 millions d’euros, selon des chiffres publiés par IHS Jane's, l'institut spécialisé qui publie régulièrement des rapports sur les territoires sous domination de l'organisation terroriste, cité par FTVI.
Pour renflouer les caisses, "des péages pour les chauffeurs de camion, des frais pour installer ou réparer des antennes paraboliques, et des «droits de sortie» pour quiconque tente de quitter une ville", explique un analyste d'IHS Jane's. L’organisation jihadiste a aussi introduit des amendes pour ceux se trompent dans leurs réponses relatives à des questions sur le Coran.
En janvier 2016, dans une note adressée à ses combattants, publiée par le quotidien britannique The Independent, l’organisation jihadiste avait revu drastiquement les salaires à la baisse. De moitié précisément, explique la «Trésorerie», l’équivalent du Fisc, basée à Raqqa, en Syrie.
«Eu égard aux circonstances exceptionnelles auxquelles Daech est confronté, il a été décidé de réduire de moitié les soldes versées à tous les moudjahidine. Personne n'échappera à cette décision, quel que soit son poste».
Selon le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane, cette décision fera passer les salaires des combattants locaux de Daech de 400 à 200 dollars mensuels. Les combattants étrangers, payés le double, verront leur salaire réduit à 400 dollars, précise Rami Abdel Rahmane.
Cette politique d’austérité serait due à de nombreuses causes. La décision du Conseil de sécurité de l’ONU de frapper Daech au portefeuille commence à porter ses fruits. Le département américain de la Défense a publié une vidéo déclassifiée de son bombardement d'une banque de l’EI à Mossoul le 11 janvier 2015.
«C'était une bonne frappe. Et selon nos estimations, elle a dépourvu l'EI de millions de dollars», a déclaré le général Lloyd Austin, chef du Commandement central américain, cité par The Independent.
Les frappes aériennes ciblées contre les puits de pétrole et les convois de camions ont aussi poussé l’organisation jihadiste à revoir selon exploitation. Selon l’Express (lien payant), qui cite un Syrien qui exploitait un puits avant l’arrivée de l’EI, «les finances de Daech sonr à la peine à Deir Ez-Zor. Les employés locaux, qui étaient payés 200 dollars par mois, ont vu leurs salaires divisés par quatre. Les ventes de pétrole ne couvrent les dépenses pour les armes et les services.»
Militairement, l’organisation perd du terrain. Confrontée à des frappes de la coalition internationale menée par les Etats-Unis et regroupant 65 pays, à l’aviation russe et à l’infanterie syrienne, l’organisation Etat islamique a perdu plus de 20% de ses territoires. L’ONU cherche désormais à l’étouffer financièrement.
«Si on combine les frappes qui visent les circuits de production et de distribution du gaz et de pétrole de Daech et celles contre leurs insfrastructures économiques et leurs différentes sources de revenus, on peut parier que le chéquier de l'EI est mis à rude épreuve. Daech a besoin de ces fonds pour payer ses combattants, pour en recruter de nouveau et conduire ses activités illégales», confirme le général Lloyd Austin.
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