Sous-marin "Titan" : pourquoi il sera très difficile de récupérer les corps des cinq victimes
Une "implosion catastrophique" de leur sous-marin et la mort à 4000 mètres de profondeur : c’est la fin qu’ont connu les cinq passagers du Titan, ce submersible touristique qui avait plongé, dimanche 18 juin, vers le Titanic. Ce jour-là, le contact avait rapidement été perdu avec l’équipage, entrainant le déploiement d’une vaste opération de recherche dans l’Atlantique Nord, jusqu’à la découverte de débris, jeudi.
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A peine le dénouement de cette tragédie connu, le Wall Street Journal a révélé que l'US Navy avait détecté dès dimanche, peu après la perte de contact avec l'appareil, un signal indiquant la probable implosion du submersible.
"Un environnement incroyablement inhospitalier"
Aujourd'hui, le Titan n'est donc plus qu'un "champ de débris" retrouvé par les robots de recherche près du Titanic, à seulement 500 mètres de l'épave mythique, par près de 4 000 mètres de fonds, a déclaré, de son côté, le contre-amiral John Mauger, des garde-côtes américains, lors d'un point presse à Boston. Il a évoqué une "perte catastrophique" de pression à l'origine de l'accident. Pourtant, les autorités l'ont clairement précisé : si cette découverte sonne la fin des recherches, des investigations vont être menées autour de la fin tragique des passagers.
Ainsi, si le gros de la flotte sera démobilisé en moins de 24 heures, des engins téléguidés continueront à cartographier les fonds et à collecter des informations. Mais il sera en revanche très difficile de récupérer les corps des cinq victimes, à entendre le contre-amiral Mauger : "C’est un environnement incroyablement inhospitalier, au fond, sur le plancher océanique. Et les débris correspondent à une implosion catastrophique du sous-marin", a-t-il précisé, signifiant de fait que les corps des passagers ne seront pas accessibles.
Une implosion qui se produit en une fraction de milliseconde
Au-délà du noir complet et de la pression - supérieure de plusieurs centaines de fois que nous subissons à la surface - dans ces profondeurs océaniques, les passagers ne se sont sans doute même pas rendus compte du drame, selon Aileen Maria Marty, ancienne officier de la marine et professeure à la Florida International University, interrogée par CNN. Une telle implosion est "incroyablement rapide, se produisant en une fraction de milliseconde seulement, a-t-elle précisé. Le tout se serait effondré avant même que les personnes à l'intérieur ne se rendent compte qu'il y avait un problème. En fin de compte, parmi les nombreuses façons dont nous pouvons passer, c'est indolore".
La vidéo ci-dessous montre le principe de l'implosion due à une pression très forte :
Interrogé sur Europe 1, le vice-amiral Jean-Louis Vichot a ainsi estimé que ces derniers auraient été "littéralement pulvérisés par la force de la mer" au moment de l'impact : "Il n'y a aucune chance de retrouver quoi que ce soit, peut-être même pas une trace d'ADN. Ça fait cinq jours que ça s'est passé. Tout a été dispersé et ça a disparu".
Interrogations autour du hublot
Quant aux questions de l'enquête, l'une d'elles obsèdent les enquêteurs : que s'est-il passé seulement deux heures après le début de la plongée, prévue pour durer sept heures, lorsque la surface a perdu le contact du Titan ? Au fil des recherches, des informations mettant en cause OceanGate ont été dévoilées sur de possibles négligences techniques de l'appareil de tourisme sous-marin.
"Il y a d'abord la matière utilisée pour la coque : c'était de la fibre de carbone, alors que tous les autres sous-marins qui vont dans ces profondeurs sont généralement en titane. Et puis, il y a ce fameux hublot de 60 cm, alors que les autres appareils sont équipés de hublots qui font 10 à 15 cm maximum. Il y a eu beaucoup d'innovations, mais au détriment de la sécurité" a ainsi jugé Christian Pétron, plongeur, réalisateur et proche du scientifique français disparu, Paul-Henri Nargeolet.
Une plainte avait d'ailleurs était portée au civil aux Etats-Unis en 2018 et un ex-dirigeant de la compagnie, David Lochridge, avait été licencié après avoir émis de sérieux doutes sur la sûreté du submersible. Selon cet ancien directeur des opérations marines, un grand hublot à l'avant de l'appareil a été conçu pour résister à la pression subie à 1 300 m de profondeur. Et non à 4 000 m.
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