Vidéo Comment les services de renseignement russes tentent de recruter des informateurs français

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Durée de la vidéo : 3 min
Un documentaire révèle comment un espion de la Russie a tenté en 2013 de faire d'un jeune journaliste français une source du renseignement de la GRU, les services de renseignements militaires russes.
Lorsque les services secrets russes cherchent à recruter des taupes françaises Un documentaire révèle comment un espion de la Russie a tenté en 2013 de faire d'un jeune journaliste français une source du renseignement de la GRU, les services de renseignements militaires russes. (Magneto Presse)
Article rédigé par Isabelle Malin
France Télévisions
Dans le documentaire "France, nid d'espions", diffusé dimanche sur France 5, le réalisateur Nicolas de Labareyre s'intéresse aux agissements des agents étrangers sur le sol français.

La France serait-elle le terrain de jeu idéal des services secrets étrangers ? Dans un contexte de crise géopolitique majeure avec la Russie et de guerre économique avec la Chine, l'Hexagone semble être une cible de choix pour les services de renseignement, comme le démontre le documentaire France, nid d'espions, diffusé dimanche 11 février à 21h05 sur France 5.

Tous les milieux sont concernés : politique, armée, journalisme, science, industrie... De Biarritz à Nantes, de Paris à la Haute-Savoie, le réalisateur Nicolas de Labareyre sillonne le territoire où des espions, de toutes origines confondues, œuvrent en toute discrétion. Leurs objectifs : dérober des données sensibles, organiser des assassinats ciblés, s'immiscer dans notre vie politique ou encore recruter des "taupes".

En quête de sources

C'est ce qui est arrivé en 2013 à Romain Mielcarek. Ce journaliste indépendant, âgé de 26 ans à l'époque, réserviste dans l'armée de terre, appartient à un collectif de blogueurs et rédige des articles sur les questions militaires pour différents journaux. Il est approché en 2013 par un supposé diplomate russe. "Sergueï Solomasov m'explique qu'il est diplomate, il vient d'arriver à l'ambassade de Russie et il cherche à rencontrer du monde, à créer un début de réseau dans Paris", se souvient-il.

Romain Mielcarek n'est pas surpris par cette rencontre. Il est alors courant pour des journalistes d'être en contact avec des membres d'ambassades étrangères. Quelques semaines plus tard, les deux hommes se revoient. 

"Il va se mettre à poser des questions précises sur mes niveaux de revenus, sur le lieu où j'habite, sur mes relations familiales. (...) Il va essayer de commencer à identifier quelles pourraient être mes faiblesses."

Romain Mielcarek, journaliste indépendant

dans le documentaire" France, nid d'espions"

Très rapidement, le journaliste est contacté par un membre de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) qui l'informe qu'en réalité, Sergueï Solomasov est un espion qui appartient aux services de renseignement militaire russe (GRU) et qu'il est en quête de sources sur le territoire. Romain Mielcarek continue alors d'entretenir, pendant plusieurs années, des relations avec cet agent de la Russie, pour le compte de la DGSI, afin de leur donner des informations.

Tentatives d'ingérence

Mais Sergueï Solomasov, officiellement attaché militaire à l'ambassade de Russie, ne s'arrête pas à ce journaliste. Grâce à sa couverture diplomatique, il tente d'approcher Jean-Luc Mélenchon, quelques mois avant l'élection présidentielle de 2017, par l'intermédiaire de Georges Kuzmanovic. A l'époque, ce dernier est le conseiller du candidat de La France insoumise sur les questions internationales et militaires. Il a depuis été exclu du parti en 2019. 

Quand les services secrets russes tentaient une ingérence dans la vie politique français
"France, nid d'espion" Quand les services secrets russes tentaient une ingérence dans la vie politique français (Magneto Presse)

"Je le dis clairement ici, les positions de Jean-Luc Mélenchon ont plu incidemment aux Russes, explique Georges Kuzmanovic dans le documentaire. Ni moi, ni Jean-Luc Mélenchon, ni qui que ce soit de La France insoumise n'a fait quoi que ce soit pour plaire aux Russes." L'ancien proche du leader insoumis est loin de se douter qu'il est face à un espion, jusqu'à ce que l'agent de la GRU lui fasse une proposition, lors d'un dîner, ne permettant plus le doute.

"On parle des élections, poursuit l'ex-conseiller. Puis à un moment donné arrive le sujet 'Jean-Luc Mélenchon est formidable, il serait extraordinaire qu'il soit président de la République française, peut-être qu'on peut vous aider'.'' Sergueï Solomasov propose alors de donner 500 000 euros pour que la France insoumise mène "plus efficacement la campagne". Georges Kuzmanovic comprend alors qu'il est dans un piège et s'oppose immédiatement à cette idée. "J'ai été très ferme immédiatement."


Le documentaire intitulé France, nid d'espions, réalisé par Nicolas de Labareyre est diffusé dimanche 11 février à 21h05 sur France 5 et sur france.tv.

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