Russie : ce que l'on sait des soupçons d'empoisonnement de l'opposant Alexeï Navalny, hospitalisé dans un état grave
L'opposant russe est toujours en réanimation, vendredi, à l'hôpital d'Omsk, en Sibérie, après s'être senti mal dans un avion. Il est dans un état grave.
Dans le coma. En Russie, l'opposant Alexeï Navalny se trouvait toujours en réanimation, vendredi 21 août, au service de toxicologie de l'hôpital des urgences n°1 d'Omsk, a indiqué l'agence de presse publique Tass. Il a été empoisonné, affirme l'entourage de cette figure de l'opposition à Vladimir Poutine.
Alors qu'un avion médicalisé a quitté l'Allemagne, vendredi matin 21 août, pour qu'Alexei Navalny puisse être soigné à l'étranger, les médecins de l'hôpital d'Omsk avaient dans un premier temps affirmé que l'opposant n'était pas transportable, avant de finalement accepter son évacuation, vendredi soir. L'Allemagne et la France réclament "la clarté" sur ce qui s'est passé et proposent de le soigner et de l'accueillir. Voilà ce que l'on sait de cette affaire.
Il a pris un thé à l'aéroport
"Ce matin, Navalny rentrait à Moscou de Tomsk", a expliqué, jeudi 20 août, sa porte-parole, Kira Yarmysh. La ville de Tomsk est située en Sibérie occidentale, à 3 600 km à l'est de Moscou. Des photos circulant sur l'application de messagerie Telegram, très utilisée en Russie, ont montré l'opposant russe prenant un thé à l'aéroport de Tomsk, avant son vol, apparemment en bonne santé.
Photo doing the rounds on @telegram, taken by a fellow passenger, is said to show Navalny drinking that tea at Tomsk airport, before his flight. His spokeswoman says it was the only thing he drank this morning. pic.twitter.com/P6zZEnr9oB
— Bryan MacDonald (@27khv) August 20, 2020
"Pendant le vol, il s'est senti mal. L'avion a atterri de toute urgence à Omsk", également située en Sibérie, a ensuite expliqué la porte-parole d'Alexeï Navalny. La chaîne de télévision russe Life a publié une vidéo amateur tournée dans l'avion, dans laquelle des secouristes se dirigent vers l'arrière de l'appareil, où un homme semble gémir de douleur.
La chaîne Telegram 112 a de son côté publié une vidéo où Alexeï Navalny était transféré sur un brancard de l'avion vers une ambulance, rapporte cette journaliste de RFI.
⚡️ #navalny #Navalni (aéroport de Omsk) crédit vidéo/ 112/Telegram
— Elena Servettaz (@EServettaz) August 20, 2020
l'opposant Alexeï Navalny hospitalisé en soins intensifs, sa porte-parole dénonce un #empoisonnement pic.twitter.com/1rmKQ9wc0P
Il est inconscient
L'opposant a été placé en réanimation dans le service de toxicologie d'un hôpital d'Omsk, selon l'agence de presse publique Tass. "Il est dans un état grave", a précisé à Tass le médecin-chef de l'hôpital d'Omsk, Alexandre Mourakhovski.
"Alexeï est toujours inconscient, il est connecté à un respirateur artificiel. L'hôpital a appelé la police à notre demande", a précisé sa porte-parole. Elle dit aussi que le diagnostic est "impossible à obtenir", selon le correspondant de Ouest-France à Moscou.
L’attachée de presse d’A.Navalny décrit des médecins qui ne veulent pas parler, un diagnostique impossible à obtenir et un service de réanimation rempli de policiers. Alexeï Navalny est toujours dans le coma d’après l’hôpital. https://t.co/8M2jn3aalY
— Paul Gogo (@Paugog) August 20, 2020
Son état serait dû à une faible glycémie, selon les médecins russes
Le médecin-chef de l'hôpital sibérien où est pris en charge Alexeï Navalny a déclaré vendredi que le diagnostic principal était celui d'un problème métabolique résultant d'une faible glycémie.
Alexandre Murakhovsky a néanmoins précisé que des traces de substances chimiques industrielles avaient été décelées sur les vêtements et les doigts de l'avocat de 44 ans.
Son entourage dénonce un empoisonnement
La porte-parole de l'opposant, Kira Yarmysh, estime que la dégradation subite de l'état de santé d'Alexeï Navalny est due à un empoisonnement. "Je suis sûre que c'était un empoisonnement intentionnel", a-t-elle déclaré à la radio Echo de Moscou. "Alexeï a été empoisonné, intoxiqué" et "se trouve désormais en réanimation", a-t-elle indiqué sur Twitter, vendredi 21 août.
"Nous pensons qu'Alexeï a été empoisonné avec quelque chose mélangé à son thé. Il n'a rien bu d'autre ce matin", a-t-elle précisé sur le réseau social, en ajoutant : "Les médecins ont dit que le poison avait été absorbé rapidement à travers la boisson chaude".
Principal opposant du Kremlin, dont les publications dénonçant la corruption des élites russes sont abondamment partagées sur les réseaux sociaux, Alexeï Navalny a déjà été victime d'attaques physiques par le passé. En 2017, il avait notamment été aspergé de produit antiseptique dans les yeux à la sortie de son bureau à Moscou.
En juillet 2019, tandis qu'il purgeait une courte peine de prison, il avait aussi clamé avoir été "empoisonné" par une "matière chimique inconnue" et transféré vers un établissement hospitalier. Les autorités avaient de leur côté parlé d'une "réaction allergique" et assuré n'avoir retrouvé "aucune substance toxique".
L'Allemagne et la France proposent leur aide
Un avion médicalisé a quitté Nuremberg, en Allemagne, dans la nuit de jeudi à vendredi pour aller récupérer Alexeï Navalny dans son hôpital en Sibérie, probablement en vain puisqu'il n'est pas jugé transportable.
De Brégançon, où elle rendait visite à Emmanuel Macron, Angela Merkel a assuré qu'Alexeï Navalny pourrait recevoir en Allemagne "toute l'aide [médicale] souhaitée" si son état le permet. "Il est nécessaire de faire toute la clarté sur ce qui est arrivé", a insisté la chancelière allemande. De son côté, le président français s'est dit prêt à offrir "toute assistance nécessaire à Alexeï Navalny, à ses proches, sur le plan sanitaire, sur le plan de l'asile, de la protection", confirmant une information du Monde.
Il peut désormais être transporté
Le médecin en chef de l'hôpital d'Oms "a annoncé qu'Alexei Navalny n'est pas transportable. Son état est instable", a indiqué Kira Iarmych sur Twitter, vendredi matin. La porte-parole estime au contraire qu'il serait "mortellement dangereux de le laisser à l'hôpital non équipé à Omsk avec un diagnostic toujours pas fait".
"Nous avons pris la décision de ne pas nous opposer à ce qu'il soit transporté vers un autre hôpital, celui qui nous sera désigné par ses proches", a finalement déclaré vendredi soir aux journalistes Anatoli Kalinitchenko, le directeur adjoint de l'hôpital des urgences n°1 d'Omsk.
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