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Présidentielle en Russie : "Pour le moment aucune relève crédible n'est prête" pour succéder à Vladimir Poutine

Cyrille Bret, spécialiste de la Russie à Science Po Paris affirme vendredi sur franceinfo que le niveau de participation sera "très important" dimanche lors de l'élection présidentielle.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Vladimir Poutine, en meeting, le 15 mars 2018. (ALEXANDER ZEMLIANICHENKO / POOL)

La Russie s'apprête à élire son président dimanche 18 mars. Vladimir Poutine est favori et assuré d'être réélu pour un quatrième mandat. Pour Cyrille Bret, professeur en relations internationales à Sciences Po Paris, interrogé vendredi 16 mars sur franceinfo, l'enjeu de cette élection sera surtout le niveau de participation des 109 millions d'électeurs appelés aux urnes.

franceinfo : Vladimir Poutine est au pouvoir en Russie depuis 18 ans et s'apprête à enchaîner un nouveau mandat, est-ce que la succession de cet homme politique incontournable est envisageable pour les Russes ?

Cyrille Bret :  Pour le moment non. Aucune relève crédible, manifeste, n'est prête. Vladimir Poutine a assis son pouvoir sur l'unité et sur la verticale du pouvoir donc sur l'absence de contestation par des clans ou par des contre-pouvoirs.

À quoi Vladimir Poutine devra-t-il être attentif : le taux de participation ou l'ampleur du score ?

La participation, c'est très important. Il va également falloir scruter la répartition des votes dans la géographie : la géographie politique de la Russie - comme celle de l'Italie ou de la France - compte énormément. Les grandes villes s'abstiennent et dans des proportions qui sont généralement très très grandes, entre 80 et 90%. Vladimir Poutine va devoir scruter les provinces industrielles de la Russie européenne, parce que c'est là qu'est son électorat qui le soutient depuis 20 ans : les ouvriers, les petits fonctionnaires, les retraités... C'est le taux d'abstention dans cet électorat-là qui va être décisif. Les dernières années ont été difficiles pour la classe populaire russe et la désaffection risque de se manifester, en tout cas c'est ce qui est redouté par l'administration présidentielle. 

Peut-on expliquer cette abstention aussi par cette élection un peu vérouillée ?

Il y a un découragement, effectivement, puisqu'on parle d'une victoire annoncée dès le premier tour. Il n'y a pas d'opposant qui soit à la fois charismatique, populaire, bien installé et très contestataire. Il y a un morcellement des oppositions. Les conservateurs ont trois candidats, les libéraux ont trois candidats. Il y a aussi une démotivation des électeurs qui maintenant assimilent complètement la fonction présidentielle à la personnalité de Vladimir Poutine. Dans d'autres temps on avait parlé d'une génération Mitterrand, là il s'agit d'une succession de générations Poutine, qui fait que la compétition électorale n'a plus vraiment de sens.

La Crimée, toute ou presque, est acquise à la cause de Vladimir Poutine, parce qu'il a su raviver ce sentiment nationaliste ?

Oui parce qu'il a accompli le souhait des russophones de Crimée. Et toute cette élection tourne autour de la Crimée puisque la date a été avancée au 18 mars, date anniversaire de l'annexion de la Crimée. Vladimir Poutine a donné comme point d'orgue à sa campagne très rapide, sa visite en Crimée. La Crimée est à la fois son principal argument électoral et le symbole de l'indépendance russe selon Vladimir Poutine. Ce qui est certain, c'est que le résultat sera massif et massivement pour Vladimir Poutine, notamment en raison de la question de la Crimée.

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