Qui était Dmitri Outkine, le bras droit d'Evguéni Prigojine qui se trouvait avec lui à bord de l'avion qui s'est écrasé près de Moscou ?
Son nom figure sur la liste des passagers de l'avion qui s'est écrasé, mercredi 23 août, au nord-ouest de Moscou. Dmitri Outkine se trouvait au côté du patron du groupe paramilitaire Wagner, Evguéni Prigojine. "Il y avait dix personnes à bord, dont trois membres d'équipage. Selon les premières informations, toutes les personnes à bord sont décédées", a précisé mercredi soir le ministère des Situations d'urgence russe, sur Telegram.
>> Ce que l'on sait du crash d'avion à bord duquel se trouvait Evguéni Prigojine
Parfois présenté parfois comme le véritable "fondateur" du groupe paramilitaire – qui a repris son nom de guerre, "Wagner" –, Dmitri Outkine était le bras droit d'Evguéni Prigojine. Plus discret dans les médias que le puissant patron de la milice russe, il est décrit par un ancien membre du groupe comme "un mercenaire dans l'âme", rapporte Le Monde.
Il a été décoré par Vladimir Poutine
Dmitri Outkine aurait "servi dans les deux guerres menées par la Russie contre les séparatistes en Tchétchénie" avant d'intégrer l'agence de renseignement militaire russe, le GRU, retrace le New York Times. Un CV retrouvé par le site d'investigation Bellingcat révèle qu'il y aurait occupé une fonction de commandant d'unité "entre 1988 et 2008". Le quotidien américain rapporte également qu'il "a commandé une unité des forces spéciales Spetsnaz et a atteint le grade de lieutenant-colonel". En 2016, Dmitri Outkine a été décoré de l'Ordre du courage par Vladimir Poutine (comme le montre la photo ci-dessous, où il apparaît à droite).
Il était le commandant opérationnel de Wagner
Si Evguéni Prigojine tenait les finances de Wagner, les commandes opérationnelles étaient, selon des médias russes, entre les mains de Dmitri Outkine. Le groupe a été créé en 2014, de l'aveu d'Evguéni Prigojine, dans le but d'envoyer des combattants compétents dans le Donbass ukrainien, zone disputée par la Russie et des groupes séparatistes. "Le commandant de Wagner à cette époque était M. Outkine", écrit le New York Times. L'enquête de Bellingcat publiée en 2020 suggère que Dimitri Outkine était "davantage un commandant de terrain".
Depuis 2014, il aurait été envoyé "dans le Donbass à la tête de 300 hommes pour épauler le soulèvement séparatiste prorusse", établissait en mai dernier la cellule investigation de Radio France. "Il y sera présent en mars 2014, au moment où la Crimée est annexée." Avec le groupe Wagner, il a également été en Syrie au service de Bachar al-Assad pour "assurer la sécurité de ses puits de pétrole".
Le Journal officiel de l'UE raconte notamment qu'en 2017, il a participé à "la torture jusqu'à la mort d'un déserteur syrien par quatre membres du groupe Wagner (...) dans le gouvernorat de Homs, en Syrie". Selon Marat Gabidoulline, ancien des rangs de Wagner, c'est Dmitri Outkine lui-même qui "leur a demandé de faire ça pour intimider les autres soldats syriens. Il a aussi ordonné de réaliser la vidéo", raconte-t-il dans un livre cité par Le Point.
"Dans l'exercice de sa fonction de commandement au sein du groupe Wagner, il est responsable de graves atteintes aux droits de l'homme commises par le groupe, dont des actes de torture ainsi que des exécutions et assassinats extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires."
Journal officiel de l'Union européenne
Lors de l'invasion de l'Ukraine en février 2022, "il était personnellement présent sur le champ de bataille en Ukraine pour coordonner et planifier les activités des membres de Wagner", relate l'UE, qui l'accuse "d'actions qui ont compromis et menacé l'intégrité territoriale, la souveraineté et l'indépendance de l'Ukraine". Un rôle qui lui a valu des sanctions internationales.
Depuis la rébellion de Wagner en juin, dirigée contre l'état-major russe et le ministre de la Défense Sergueï Choïgou, il faisait profil bas. "Il a été vu pour la dernière fois dans une vidéo publiée par Prigojine en juillet, dans laquelle le patron de Wagner s'adressait aux combattants en Biélorussie", rapporte le Guardian.
Il était fasciné par la culture nazie
Si les photos de lui sont rares et qu'il "a toujours le visage un peu caché, une casquette", décrit à Radio France Alexandra Jousset, co-autrice d'un documentaire sur Wagner, certains clichés permettent de distinguer des éléments. A la base de son cou, deux tatouages représentent le symbole de l'organisation nazie SS, ainsi qu'un aigle et une croix gammée. Il a par ailleurs "emprunté au compositeur Richard Wagner, le favori d'Hitler" son surnom militaire, relate le New York Times, qui le décrit comme "fasciné par l'histoire et la culture nazies".
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