Cet article date de plus de sept ans.

Manifestations anti-corruption en Russie : "Je ne vois pas comment ils peuvent tenir un an comme ça"

Suite à la manifestation anti-corruption qui s'est déroulée dimanche à Moscou, en Russie, 130 interpellations ont eu lieu. Une repression qui ne peux pas durer, estime Marie Mendras, politologue au CNRS et spécialiste de la Russie.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des policiers lors de la manifestation anti-corruption à Moscou, le 26 mars 2017. (ALEXANDER UTKIN / AFP)

Plusieurs centaines de manifestants ont été interpellés dimanche 26 mars en Russie lors des manifestations qui se sont tenues à travers le pays pour dénoncer la corruption du pouvoir, et ce à un an de la présidentielle. Des dizaines de milliers de personnes ont bravé les interdictions de rassemblement.

A Moscou,130 interpellations ont eu lieu, la plus remarquée étant celle de l’opposant et avocat Alexeï Navalny, lui-même candidat à l'élection présidentielle de 2018. Marie Mendras, politologue au CNRS et spécialiste de la Russie, revient lundi sur franceinfo sur cette situation de grande tension.

franceinfo : Alexeï Navalny est-il la bête noire de Vladimir Poutine ?

Marie Mendras : Absolument. Tout a commencé il y a plusieurs années quand Navalny a ouvert sa fondation pour la lutte contre la corruption. Il est avocat. Il a effectué des enquêtes sur la corruption des dirigeants, des oligarques. La dernière vidéo qu’il a publiée sur son site internet début mars montre le système de corruption autour du Premier ministre Dmitri Medvedev : corruption des réseaux, de l’Etat et enrichissement personnel du Premier ministre et de sa famille. Cette vidéo a été visionnée par 11 millions de personnes en Russie et à l’étranger.

Les manifestations étaient organisées pour protester contre la corruption de l’appareil d’Etat.

Marie Mendras

à franceinfo

La grande majorité de ces manifestations ont été interdites. D’où une répression sans précédent. Il y a eu plus de 1 000 arrestations. La plupart des manifestants ont été relâchés au bout de quelques heures. Mais toute l’équipe de Navalny est présentée aujourd’hui devant les juges et n’est pas libérée.

Quelle est la réalité du soutien populaire à Alexei Navalny et à son combat ?

Le soutien, c’est la colère contre la corruption, l’indifférence totale des dirigeants envers la baisse de niveau de vie des gens. On ne peut pas dire que c’est un soutien politique organisé derrière Navalny, mais c’est très certainement un très grand mécontentement au sein de la population. C’est un mouvement irrépressible.

On peut réprimer des manifestations, mais les dirigeants n’ont pas de politique pour tenter de relancer l’économie et améliorer le mode de vie des Russes.

Marie Mendras

à franceinfo

On est dans un cycle mécontentement-répression. Je ne vois pas comment ils peuvent tenir un an comme cela. Ils ne peuvent pas mettre en prison les citoyens qui demandent simplement à s’exprimer. Je remarque aussi que le mensonge règne dans les médias en Russie. Pas un seul mot n’a été dit au sujet des événements d’hier et de ce matin. La nouvelle la plus importante du jour, c'est qu'au moins quatre hommes assez costauds accompagnés de deux policiers ont saisi pratiquement tout le bureau de la fondation pour la lutte contre la corruption, c'est-à-dire les bureaux de Navalny à Moscou, et ce, semble-t-il, sans mandat de perquisition, mais c'est à vérifier. On est vraiment dans la violence politique.

L’Union européenne peut-elle peser face à Vladimir Poutine ?

Il le faut. Il n’y a que nous qui pouvons faire pression sur les dirigeants russes, la population est muselée. Les Américains ont réagi très tôt ce matin, et j’aimerais que le gouvernement [français] réagisse très fermement. Nous n’avons aucun intérêt à fermer les yeux sur des transgressions majeures de la loi et du droit des citoyens.

Marie Mendras : "Nous n’avons aucun intérêt à fermer les yeux sur des transgressions majeures de la loi et du droit des citoyens."

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.