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Crimée: Washington et l'UE à l'heure des représailles contre Moscou

Au lendemain du référendum en faveur du rattachement de la Crimée à la Russie, de hauts responsables russes ou pro-russes ukrainiens ont été soumis à des sanctions de l'Union européenne et des Etats-Unis. Aucun des ministres du gouvernement russe n’est toutefois directement visé. Ces mesures sont inédites dans l'histoire des relations UE-Russie depuis l'effondrement de l'Union soviétique en 1991.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Président de la Russie Vladimir Poutine (G) passe devant le président américain Barack Obama afin de poser pour la photo de famille lors du sommet du G20, le 6 Septembre 2013, à Saint-Pétersbourg. (AFP PHOTO / JEWEL SAMAD)

Les sanctions européennes et américaines concernent un nombre limité de responsables russes et ukrainiens. Selon la Maison Blanche, 11 personnalités  de l'entourage direct de Vladimir Poutine son visées : 7 Russes et 4 Ukrainiens accusés de collusion avec la Russie en Ukraine, dont le président déchu Viktor Ianoukovitch, réfugié en Russie, et un conseiller, ainsi que deux dirigeants séparatistes de Crimée, Sergiï Axionov et Volodymyr Konstantinov.

Parmi les Russes dont les éventuels avoirs sont gelés aux Etats-Unis, il y a le vice-Premier ministre Dmitri Rogozine, la présidente du Conseil de la Fédération (chambre haute du Parlement russe), Valentina Matvienko, ainsi que deux proches conseillers de M.Poutine (Vladislav Sourkov et Sergueï Glaziev) et deux élus de la Douma (Parlement).

«Isoler davantage la Russie»
M.Rogozine a réagi, avec ironie à ces sanctions: «Camarade Obama, et que doivent faire ceux qui n’ont ni compte ni propriété à l’étranger?», a-t-il notamment écrit sur Twitter.

Selon la Maison blanche, ces mesures «envoient un message fort au gouvernement russe, sur le fait que les actes de violation de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de l'Ukraine ont des conséquences». A Washington, le président américain Barack Obama a mis en garde Moscou contre des sanctions supplémentaires en cas «de nouvelles provocations (qui) ne feront qu'isoler davantage la Russie et réduire sa stature dans le monde». Des sanctions commerciales «mèneront au krach du système financier américain», avait prévenu début mars 2014 Sergueï Glaziev, un conseiller du Kremlin, cité par La Tribune.



Contrairement aux sanctions américaines, les mesures décidées par l'UE ne visent pas l'entourage direct de M. Poutine. Les ministres européens des Affaires étrangères ont, selon le ministre lituanien Linas Linkevicius, «décidé des sanctions (restrictions de visas et gels d'avoirs) contre 21 responsables ukrainiens et russes». Il s'agit plutôt de figures de second rang, comme MM. Axionov et Konstantinov ainsi que des militaires russes actifs en Crimée, selon une liste noire parue au Journal officiel de l'Union européenne. M. Linkevicius a précisé que l'UE prendrait des «sanctions supplémentaires dans les prochains jours».

L'UE représente 40% des échanges commerciaux de la Russie tandis que les Etats-Unis 2% seulement, indique Le Monde. L'option militaire exclue, les Occidentaux comptent sur l'impact d'un isolement international croissant de la Russie tandis que les Etats-Unis et l'UE se réservent la possibilité d'imposer des sanctions économiques et commerciales. Celles-ci pourraient avoir conséquences «terribles» pour la France dont les investissements en Russie représentent 12 milliards de dollars par an, selon Challenges.

Fabius : «trouver les voies du dialogue»
Les Européens estiment toutefois qu'il n'est pas trop tard pour qu'une solution politique soit trouvée. «Il faut faire preuve de beaucoup de fermeté et en même temps trouver les voies du dialogue et ne pas aller vers l'escalade», a déclaré le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, qui a annulé un déplacement le 18 mars 2014 à Moscou avec le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian.

M. Fabius a estimé que Paris pourrait suspendre la vente de deux navires polyvalents Mistral à Moscou, aux termes d'un contrat signé en 2011, mais a toutefois indiqué que le président russe était toujours invité, le 6 juin 2014, en France aux cérémonies du 70e anniversaire du Débarquement des forces alliées.

Selon les résultats définitifs du référendum, près de 97% des votants ont choisi le rattachement de la péninsule ukrainienne à la Russie. En réponse, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon s'est déclaré «très déçu et inquiet» et a souhaité une solution politique incluant «le respect de l'unité et de la souveraineté de l'Ukraine»

De son côté, Kiev a lancé une mobilisation partielle de ses forces armées pour faire face à «l'ingérence de la Russie dans les affaires intérieures de l'Ukraine», et a rappelé son ambassadeur en Russie, Volodimir Ieltchenko.

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