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Conflit des îles Kouriles: la Russie et le Japon trouvent une issue économique

La Russie et le Japon se sont entendus sur un projet de coopération économique sur les «Kouriles du Sud», ainsi appelées par les Russes, et que les Japonais nomment «Territoires du Nord». Ces quatre îles font officiellement partie de la région russe de Sakhaline, mais sont revendiquées par le Japon, depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. Ce différend territorial n'est toujours pas réglé.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le président russe Vladimir Poutine et le Premier ministre japonais Shinzo Abe, le 15 décembre 2016, à Nagato, au Japon. (Kazuhiro NOGI / POOL / AFP)

Le Japon et la Russie se disputent toujours quatre îles de l'archipel des îles Kouriles. Au cours d'une visite officielle au Japon, les 15 et 16 décembre 2016, le président russe Vladimir Poutine, dont c'était la 16e rencontre avec le Premier ministre Shinzo Abe, a estimé qu'«il serait naïf de penser qu'on puisse régler ce problème en une heure. Mais il est sans doute nécessaire de chercher une solution. Il faut un travail méticuleux pour renforcer la confiance bilatérale.»

Le président russe a également affirmé, lors d'une conférence de presse conjointe à Tokyo avec M.Abe, vouloir mettre un terme à ce «ping-pong historique», soulignant que «les intérêts fondamentaux de la Russie et du Japon exigent un règlement à long terme».

L’absence de traité de paix sur ces îles, héritées par le Japon de la Seconde guerre mondiale, représente un frein pour l’évolution des relations entre les deux pays.

Nouvelle approche économique 
Mettre un point final à ce contentieux territorial, qui dure depuis 70 ans, c’est aussi ce que veut M.Abe qui a proposé une «nouvelle approche» axée sur le levier économique. Les deux pays ont décidé d'«ordonner à des experts des deux pays d'entamer des consultations afin de se mettre d'accord sur les conditions et les domaines d'exploitation commune» des «quatre îles» disputées, a précisé à la presse le conseiller du Kremlin, Iouri Ouchakov.

Les résultats les plus concrets obtenus, permettant à M.Abe de ne pas perdre la face, portent sur des accords concernant plus de 60 projets de développement économique, s'est félicité le dirigeant japonais. Une dizaine de secteurs, allant d'équipements médicaux au tourisme, avec notamment l'ouverture à Moscou d'un bureau de l'Agence nationale de tourisme japonaise, figurent dans ce projet. Lequel envisage aussi des accords commerciaux portant également sur l'intelligence artificielle, l'énergie et la logistique. Ils ont été évoqués avec des dirigeants de groupes japonais dont Toshiba et Panasonic. 
 

Gisements de pétrole et de gaz
Les Russes auraient beaucoup à perdre en se séparant de ces îles. Les Kouriles abritent des réserves minières (notamment du rhénium, un métal rare), et peut-être aussi d’importants gisements de pétrole et de gaz. L’archipel constitue par ailleurs une porte sur le Pacifique pour les deux bases navales russes de Vladivostok. Et Vladimir Poutine de rappeler: «Nos navires partent de là-bas vers le Pacifique», via le détroit qui ne gèle pas en hiver entre les îles Kounachir (Kunashiri en japonais) et Itouroup (Etorofu), deux des quatre Kouriles sur la trentaine d'îles et de rochers que compte l'archipel.

«Poutine et Abe se partageront les Kouriles», tirait le quotidien en ligne Gazeta.ru, cité par Courrier international, le 16 décembre 2016. «La Russie n’a l’intention ni de rendre, ni de vendre les îles Kouriles. Mais un accord portant sur le développement économique commun des territoires disputés entre les deux pays est possible», résumait le quotidien russe.

En 2004, Vladimir Poutine, alors Premier ministre, suggérait de restituer sous condition deux des quatre îles, comme l’avait imaginé Kroutchev en 1956. Une proposition jugée à l'époque inacceptable par Tokyo. Sans règlement de ce contentieux territorial, aucun traité de paix définitif ne peut être signé entre la Russie et le Japon.

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