"Ceux qui ont fait ça ne sont pas des hommes" : encore sous le choc de l'attentat du Crocus City Hall, ces habitants de Moscou en plein doute

Les quatre assaillants présumés à l'origine de l'attaque, qui a fait 137 morts, ont été placés dimanche en détention provisoire pour deux mois par un tribunal de la capitale russe.
Article rédigé par franceinfo
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Des personnes en deuil font la queue pour déposer des fleurs devant un mémorial de fortune devant l'hôtel de ville de Crocus, à Krasnogorsk, près de Moscou, le 24 mars 2024, alors que la Russie célèbre une journée nationale de deuil après un massacre qui a tué plus de 130 personnes. (OLGA MALTSEVA / AFP)

Moscou pleure ses morts. Au rythme des prières, comme celle de ce prêtre orthodoxe, toute la journée, dimanche 24 mars, des milliers de Moscovites sont venus déposer des œillets rouges devant le Crocus City Hall. L'attaque de cette salle de concert, qui a fait 137 morts et 182 blessés, a été revendiquée par l'organisation jihadiste Etat islamique, mais les autorités russes ont mis en avant une piste ukrainienne, en affirmant que les assaillants essayaient de se rendre en Ukraine où ils disposaient de contacts. L'Ukraine dément vigoureusement toute implication dans cette attaque, la plus meurtrière en Russie depuis le début des années 2000.

Parmi les habitants de Moscou venus saluer la mémoire des victimes, Elena, qui est en colère. "Nous sommes tous sous le choc. Tout Moscou pleure, est en deuil. Vous n'imaginez pas combien c'est dur et douloureux. Ceux qui ont fait ça ne valent rien. Ce ne sont même pas des hommes. Ce sont des créatures, des bêtes qui ne savent pas ce que c'est une âme, un cœur... Comment ont-ils pu faire cela ?", dénonce-t-elle.

"Pourquoi les artistes du monde entier sont-ils silencieux aujourd'hui ?"

Comme pour cette femme, le choc est immense pour ces Russes de tous âges qui s'interrogent. Certains accusent le terrorisme "qui n'a pas de nationalité" disent-ils, quand d'autres, comme Ivan, adhèrent à la première piste évoquée par Vladimir Poutine : "Qui est derrière ça ? L'Ukraine ! Nous n'avons pas de conflit avec qui que ce soit d'autre. Vous lisez les infos, vous êtes un média, vous savez cela parfaitement : je pense que c'est l'Ukraine. Je n'ai rien à ajouter."

Arrive alors sur les lieux Iosif Prigojine, un producteur de musique qui est une célébrité en Russie. Proche du pouvoir, il joue sur la corde de la Russie isolée et attaquée. "Les artistes du monde entier, les plus grandes stars, pourquoi sont-ils silencieux aujourd'hui ? C'est une salle de concert où ils se sont produits. Pourquoi ne publient-ils rien ? Pourquoi ne sont-ils pas en deuil avec nous ?", lâche-t-il.

"Est-ce pour des raisons politiques ? Ils montent au créneau pour défendre ces salauds de Pussy Riot, mais ils ne disent rien de l'attaque terroriste à Moscou !"

Iosif Prigojine

à franceinfo

Mais tous les Russes n'en veulent pas aux Occidentaux, comme Georgi, un étudiant. Il ne croit pas à la piste ukrainienne, mais surtout, comme beaucoup, il pointe du doigt les manquements des services de sécurité. "Cette situation a montré que nos forces de l'ordre n'ont pas réagi très rapidement. Les terroristes ont réussi à s'échapper, ce n'est pas normal. Parcourir autant de kilomètres et ne pas être détectés par nos services, c'est très étrange...", note le jeune homme. 

Tard dimanche soir, les Moscovites défilaient encore devant le Crocus City Hall, mais on n’y a pas vu Vladimir Poutine, qui a allumé un cierge dans une église proche de sa résidence, a dit le Kremlin.

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