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Russie : l'opposant politique Alexeï Navalny arrêté à son arrivée à Moscou, six mois après son empoisonnement

Son avion a été dévié dimanche vers l'aéroport Cheremetievo, différent de celui où il devait atterrir et où l'attendaient ses partisans et la police antiémeute.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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L'opposant politique russe Alexeï Navalny dans l'avion en direction de Moscou, à Berlin (Allemagne), le 16 janvier 2021. (MSTYSLAV CHERNOV / AP)

Il est rentré, coûte que coûte. L'opposant russe Alexeï Navalny a atterri à Moscou, dimanche 17 janvier, après plusieurs mois de convalescence en Allemagne où il se remettait d'un empoisonnement présumé. Il a finalement été arrêté par la police au moment où il se présentait au contrôle des passeports, après un atterrissage mouvementé. A la suite de cette arrestation, le ministre des Affaires étrangères allemand, a appelé lundi la Russie à le "libérer immédiatement" et a qualifié cette arrestation de "totalement incompréhensible".

Son avion en provenance d'Allemagne avait été dévié vers l'aéroport Cheremetievo, différent de celui où il devait atterrir et où l'attendaient ses partisans et la police antiémeute. Selon des journalistes de l'AFP à bord, le pilote de l'avion a d'abord annoncé un retard de 30 minutes en raison d'un "problème technique", avant d'indiquer que l'appareil se dirigeait vers Cheremetievo et n'atterrirait pas à l'aéroport de Vnoukovo comme prévu. 

Depuis que le pire ennemi du président Vladimir Poutine a annoncé mercredi son intention de rentrer, les services pénitentiaires russes l'ont averti qu'ils seraient "obligés" de l'arrêter pour avoir violé les conditions d'une peine de prison avec sursis dont il a écopé en 2014.

Plusieurs de ses soutiens arrêtés à l'aéroport

Alexeï Navalny, 44 ans, a balayé ces manœuvres visant selon lui à "l'effrayer". "Vais-je être arrêté? c'est impossible, je suis innocent", a-t-il clamé devant les journalistes à bord de l'appareil qui a décollé vers 15h15 de l'aéroport de Berlin. Il avait appelé ses partisans à venir l'accueillir à l'aéroport de Vnoukovo. Plusieurs d'entre eux ont été arrêtés sur place avant son arrivée, selon les soutiens de l'opposant. 

A la veille de son départ, Alexeï Navalny avait remercié les médecins, la police et les politiques allemands qu'il a rencontré pendant les cinq mois qu'il a passé dans le pays. "Merci, les amis!", a-t-il écrit sur Instagram.

Il accuse le FSB d'avoir voulu le tuer

Le chef de file de l'opposition russe était subitement tombé dans le coma en août, alors qu'il revenait d'une tournée électorale en Sibérie. D'abord hospitalisé à Omsk, il avait ensuite été évacué vers un hôpital berlinois sous la pression de ses proches. Trois laboratoires européens ont depuis conclu que l'opposant avait été empoisonné par un agent innervant de type Novitchok, développé à l'époque soviétique à des fins militaires. Ce que le Kremlin a toujours nié.

L'opposant accuse les services spéciaux russes (FSB) d'avoir tenté de l'assassiner sur l'ordre direct de Vladimir Poutine. Au gré des versions, les autorités russes ont elles mis en cause les services secrets occidentaux ou l'hygiène de vie d'Alexeï Navalny. Jusqu'à présent, Moscou a refusé d'ouvrir une enquête pour découvrir ce qui est arrivé à Alexeï Navalny, arguant notamment du refus de l'Allemagne de transmettre ses données à la Russie.

Samedi, Berlin a toutefois annoncé avoir transmis à Moscou des éléments de son enquête judiciaire, notamment "des procès-verbaux" d'interrogatoires d'Alexeï Navalny et "des échantillons de sang et de tissus, ainsi que des morceaux de vêtements", disant s'attendre à ce que Moscou commence désormais à "faire la lumière sur ce crime".

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