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Royaume-Uni : "La personnalité de la reine Elizabeth II est exceptionnelle", selon l'historien Jean des Cars

Les médecins d'Elizabeth II ont fait part de leurs préoccupations mercredi concernant l'état de santé de la monarque. La reine a été placée sous surveillance médicale dans sa résidence de Balmoral, en Ecosse.

Article rédigé par franceinfo
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La reine Elizabeth II prend la parole lors d'une cérémonie aux Etats-Unis, le 7 mai 2007 à Washington. (MARK WILSON / GETTY IMAGES EUROPE / MAXPPP)

"La personnalité de la reine est exceptionnelle", a affirmé jeudi 8 septermbre sur franceinfo Jean des Cars, historien, auteur d'une biographie d'Elizabeth II, alors que la reine a été placée sous surveillance médicale dans sa résidence de Balmoral, en Ecosse. Les membres de la famille royale, dont son fils Charles, arrivent à son chevet. Ses médecins se disent "préoccupés" par son état de santé. L'historien salue une femme "très réservée, très raisonnable", qui est aussi "un témoin et un acteur politique de premier ordre". Jean des Cars ajoute que la reine Elizabeth II a "très bien préparé l'avenir" de sa famille et de son royaume.

franceinfo : Est-ce qu'on est aux portes d'un évènement grave ?

Jean des Cars : La personnalité de la reine est exceptionnelle. C'est le seul chef d'Etat en fonction à ce jour qui a connu la Deuxième Guerre mondiale. En 1939, la princesse Elizabeth avait 13 ans. En 1952, en février, lorsqu'elle devient reine à la mort de son père, le roi George VI, Staline est toujours à Moscou. C'est donc un témoin et un acteur politique, diplomatique, de premier ordre, unique dans son genre.

C'est une émotion à la mesure de la dimension de ce personnage. Je rappellerai que le 21 avril 1947, jour de sa majorité, la princesse Elizabeth se trouvait avec ses parents en Afrique du Sud, au Cap. Elle a fait un discours en disant : 'que ma vie soit longue ou courte, je serai à votre service, et au service de toutes les nations du Commonwealth'. Elle n'a pas menti. Ce n'est pas une femme qui ment. C'est une femme très réservée, très raisonnable, sur beaucoup de domaines. On peut ajouter que le fait qu'elle soit à Balmoral n'est pas extraordinaire. C'est la période des vacances où tous les souverains, depuis très longtemps, sont en vacances en Ecosse. Mais c'est la première fois depuis 1885 qu'un Premier ministre a été nommé par le souverain à Balmoral.

Qu'est-ce qui est marquant, selon vous, dans sa personnalité ?

Lors de la disparition du prince Philip [le 9 avril 2021], elle n'a pas imposé son deuil, son chagrin, sa douleur, au monde entier. Elle n'a pas fait comme son ancêtre Victoria qui, veuve du prince Albert, est restée en noir jusqu'à ses derniers instants. C'est une élégance et une courtoisie de la reine qui a même été presque gaie et joyeuse lors d'un sommet de chefs d'Etat et de gouvernement. Elle ne voulait pas imposer cela. C'est une tenue et une leçon extraordinaires quand on connaît cette histoire, ce personnage, ce qu'elle a vécu, ce qu'elle a vu, ce qu'elle a rencontré. Elle est la seule à avoir une telle mémoire.

Quand la reine va mal, est-ce que c'est aussi la monarchie qui vacille ?

Non, c'est un peu plus compliqué. Puisqu'on est peut-être à la veille d'une transition, d'une transmission, d'une succession, la reine a de toutes façons très bien préparé l'avenir au point de vue de la vie familiale et de ses conséquences politiques et diplomatiques, en organisant le mariage de Charles et de Camilla pour que ce ne soit pas un problème en plus au moment de sa disparition. Et ça, cela a été très bien fait.

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