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Reportage "On se croirait en Corée du Nord !" : à Londres, les républicains agacés par les multiples hommages à la reine Elizabeth II

Les adieux à la reine Elizabeth II continuent au Royaume-Uni. Les Londoniens sont toujours des milliers à vouloir lui rendre hommage. Pour les républicains, minoritaires dans le pays, ces hommages prennent trop de place. Ils espèrent que l'avènement du roi Charles III fera bouger les choses.

Article rédigé par franceinfo - Farida Nouar
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un portrait de la reine Elizabeth II dans la gare King's Cross à Londres, le 17 septembre 2022.  (LOIC VENANCE / AFP)

Des kilomètres de queue pour atteindre Westminster et le cerceuil de la reine Elizabeth II, et partout dans les rues de Londres, son visage. On le retrouve sur les vitrines de supermarchés, des banques, au café, au restaurant indien avec sa photo éclairée à la bougie, et même quand on ouvre une application pour se commander à manger. "Je ne pense pas que c'est exagéré d'avoir tous ces hommages en ce moment", commente Anita, une Londonienne. "C'était une femme adorable, alors je trouve que c'est normal ! Et beaucoup de gens pensent la même chose", poursuit-elle. 

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Beaucoup de gens peut-être, mais pas tout le monde, et surtout pas Richard. "C'est beaucoup trop ! Ça n'a pas de sens, la monarchie arrive à sa fin, c'est fini, vraiment. C'était la dernière monarque", affirme-t-il avec assurance. Et quand on lui parle de Charles III, il n'est pas beaucoup plus emballé : "Charles... bof. Il est temps de se réveiller et d’en finir."

Les républicains espèrent un changement

Quand il marche dans les rues de Londres, Nic Lawley, militant de "Labour for a Republic", la branche républicaine au sein du parti travailliste, a presque envie de fermer les yeux : "On se croirait en Corée du Nord ! Partout dans Londres, on ne voit que la reine, dans les magasins, les arrêts de bus, à la télé, c’est trop !", s'emporte-t-il.

"C’est un problème dans ce pays : personne ne donne la parole aux républicains, rien dans les médias pour exprimer notre opinion, pour créer le débat qui est nécessaire pour avoir plus de partisans."

Nic Lawley

à franceinfo

Le républicain déplore cette invisibilité, mais il veut croire que la popularité du prince Charles devenu Charles III, bien en-dessous de celle de sa mère, pourra profiter au mouvement. "Je n’ai pas besoin d’expliquer aux Français pourquoi il ne faut plus de monarchie, c’est plutôt à eux de l’expliquer aux Anglais. La famille royale perçoit des taxes, des millions ! C’est délirant, particulièrement en ce moment avec la crise que vit le pays", lance Nic Lawley. 

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"En plus Charles n’est pas aussi populaire que la reine Elizabeth et on l’a vu s’énerver récemment devant les caméras. Qu’est-ce que ça doit donner en coulisses ! Je pense qu’il va y avoir de grands changements à l’avenir et que le républicanisme va monter en puissance", espère-t-il secrètement avec ce changement de monarque.  

Mais cette analyse n'est pas partagée par tous les observateurs, comme Robert Hazell. Ce professeur de droit constitutionnel à l'University College de Londres "ne croit pas" à l'abolition de la monarchie. "C'est juste que selon les sondages le roi Charles est moins populaire que sa mère ou que son fils. Mais quand même, le soutien à la monarchie comme institution ne baissera pas", estime-t-il. 

"Personne ne voit beaucoup d'avantages à devenir une République. Beaucoup des pays du monde qui sont les démocraties les plus avancées sont des monarchies."

Robert Hazell, professeur de droit constitutionnel

à franceinfo

En mai dernier, seuls deux Britanniques sur dix souhaitaient passer à un régime républicain. 

Les républicains anglais agacés par les hommages à la reine Elizabeth II - Le reportage de Farida Nouar

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