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Londres : l'avenue bling bling laissée à l'abandon

Bishop Avenue. Le cœur de Londres et l'une des artères les plus chères de la ville. Certaines de ses luxueuses demeures détenues par des propriétaires richissimes sont laissées à l'abandon. Les maîtres des lieux n'y mettent jamais les pieds et ces palais tombent en ruine.
Article rédigé par Valerie Kowal
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une demeure de milliardaire laissée à l'abandon dans Bishop Avenue à Londres. (capture d'écran youtube)

C'est le quotidien The Guardian qui a révélé l'histoire. Un tiers de ces luxueuses demeures, d'une valeur estimée à 417 millions d'euros, sont abandonnées. Certaines portes d'entrée n'ont pas été ouvertes depuis 25 ans. Et ce sont de véritables palais, pas des immeubles en ruines. Nous ne sommes ni dans les bidonvilles d'Afrique, d'Asie ou d'Amérique du Sud, mais sur une avenue que l'on surnomme «l'allée des milliardaires». Robert Booth, le journaliste du Guardian qui a levé le lièvre, a réussi à pénétrer ces lieux et à les filmer en vidéo. Un constat affligeant. Des escaliers couverts de mousse, des plafonds qui s'effondrent, des baignoires enfouies sous des gravats et des sols jonchés de détritus.


L'attrait des grandes fortunes pour cette avenue date des années 20. Parmi les propriétaires passés ou actuels, l'homme d'affaires chypriote-turc Asil Nadir, le magnat de la presse Richard Desmond ou Nourousoultan Nazarbaïev, le président du Kazakhastan (Billionnaires avenue London).

Pourquoi abandonner ces maisons?
Elles sont souvent acquises par de riches familles saoudiennes sur un coup de tête. Qui y séjournent rarement, voire jamais, selon Challenges : «D'autres appartiennent à des sociétés basées dans des paradis fiscaux comme Jersey ou les Bahamas dans une option spéculative. Une de ces maisons acquise 1,3 million d'euros en 1988, vaut aujourd'hui 70 millions d'euros.» Pour ces propriétaires, seul compte le prix du mètre carré.

Une situation qui révolte
Boris Johnson, le maire de Londres, s'est joint à la colère des associations de sans-abris. «Les logements ne sont pas des lingots d'or virtuels! Cette situation immorale est facteur de dysfontionnements sur le marché du logement.» Boris Johnson a par ailleurs demandé à Downing Street une taxe concernant les demeures vides. Sans succès. L'association Homes From Empty Homes se bat depuis 1992 pour faire baisser le nombre de logements vacants en Grande-Bretagne, relate le site du Figaro.

Interrogé par le quotidien London Evening Standard, un habitant d'une maison composée de 12 chambres évaluée à 8 millions de livres estime que ses voisins paient suffisamment d'impôts pour faire ce qu'ils veulent de leurs biens. «Ils font bien ce qu'ils veulent, ils ne prennent rien à personne», déclare Pablo Teixeira qui rappelle que les impôts locaux sont très élevés.

Une crise du logement qui s'aggrave
De plus en plus de gens ont du mal à trouver un logement décent, les prix de l'immobilier ont grimpé de 11,2% en un an et ces révélations choquent les Anglais, selon le Daily Mail. La proportion de logements vides sur la prestigieuse avenue est dix fois plus élevée que pour le reste de l'Angleterre. Un pays qui fait face à une pénurie croissante de 100.000 logements par an.

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