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Royaume-Uni : ce que l'on sait (et ce que l'on ignore encore) du nouvel empoisonnement au Novitchok

Mercredi soir, les autorités britanniques ont annoncé qu'un couple avait été exposé au "même agent innervant" que l'ex-espion russe Sergueï Skripal et sa fille Ioulia.

Article rédigé par franceinfo
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Des policiers devant l'habitation d'Amesbury (Royaume-Uni), le 4 juillet 2018, où un homme et une femme exposés au Novitchok ont été retrouvés samedi. (GEOFF CADDICK / AFP)

Peur sur la ville, acte 2. Quatre mois après l'empoisonnement d'un ex-espion russe et de sa fille à Salisury (Royaume-Uni), un couple de Britanniques a été hospitalisé, samedi 1er juillet, après avoir été retrouvé dans un état critique dans un village voisin. Mercredi soir, les autorités ont annoncé que l'homme et la femme avaient été exposés au "même agent innervant" que Sergueï et Ioulia Skripal : le Novitchok. Voici, à ce stade des investigations, le point sur l'affaire.

Ce que l'on sait

L'identité des victimes. Les deux personnes retrouvées dans une habitation d'Amesbury ont été identifiées comme Dawn Sturgess et Charlie Rowley. C'est la femme, une mère de famille âgée de 44 ans, qui a d'abord perdu connaissance, dans la matinée, avec "de la mousse sortant de sa bouche", selon un ami, Sam Hobson. Puis son compagnon de 45 ans est tombé malade, "suant à grosses gouttes", "faisant de drôles de bruits et se balançant d'avant en arrière sans répondre", et les secours ont été de nouveau appelés dans l'après-midi. Ils sont depuis hospitalisés "dans un état critique" à l'hôpital de Salisbury.

Les derniers lieux fréquentés par les victimes. Leur ami, cité par The Guardian (article en anglais), affirme avoir passé avec eux la soirée de vendredi, dans un parc de Salisbury et dans divers commerces, notamment un magasin vendant de l'alcool et une boutique où ils ont acheté des produits pour se teindre les cheveux aux couleurs de l'équipe d'Angleterre de football. Après que le couple a dormi chez Charlie Rowley à Amesbury, l'ami la rejoint samedi matin, au moment où la femme était prise en charge par les secours. Les deux hommes sont ensuite allés dans une pharmacie, puis à l'église baptiste d'Amesbury, qui organisait un cochon grillé.

Le type de poison utilisé. Le chef du contre-terrorisme britannique a déclaré, mercredi, que les victimes avaient été "exposées à l'agent innervant Novitchok", l'un des poisons les plus toxiques au monde, déjà utilisé contre l'ex-agent russe Sergueï Skripal et sa fille Ioulia.

Le dispositif mis en place. Des cordons de sécurité ont été mis en place à au moins cinq endroits où se seraient rendus les deux quadragénaires : le domicile de Charlie Rowley, l'église, le parc, la pharmacie et le centre d'hébergement où vivait Dawn Sturgess. Bien qu'il n'y ait "pas de risque immédiat pour la santé", les autorités sanitaires ont conseillé "par précaution" aux personnes s'étant rendus aux mêmes endroits que les victimes entre vendredi soir et samedi après-midi de laver leurs vêtements.

Ce que l'on ignore encore

Le lieu de l'empoisonnement. Si le couple a été retrouvé chez Charlie Rowley à Amesbury, rien n'indique que la contamination a eu lieu à cet endroit. En mars, Sergueï et Ioulia Skripal avaient été retrouvés sur un banc du centre-ville de Salisbury, mais les autorités estiment qu'ils sont entrés en contact avec l'agent innervant au domicile de l'ex-espion.

Les motifs de l'empoisonnement. Selon le contre-terrorisme britannique, il n'y a "aucune preuve" suggérant que l'homme et la femme, tous deux sans emploi et anciens sans-abri, "étaient visés d'une quelconque manière"The Sun (article en anglais) avance qu'ils pourraient être tombés sur la seringue ou le contenant qui avait été utilisé contre les Skripal. Charlie Rowley "consomme de la drogue", selon Sam Hobson, mais Dawn Sturgess "ne se drogue pas". Les autorités précisent que "rien n'indique" que le couple "s'est récemment rendu sur un des sites décontaminés après les tentatives de meurtre ayant visé Sergueï et Ioulia Skripal".

Les liens éventuels avec les Skripal. A l'heure actuelle, aucun lien amical, professionnel ou autre n'a été établi entre les victimes de mars et celles de juillet. Les enquêteurs s'intéressent à d'éventuels points communs, à commencer par le type de Novitchok utilisé. "Ce sera aux scientifiques de déterminer s'il vient du même lot" que celui utilisé en mars, a affirmé le patron du contre-terrorisme britannique.

Le rôle de la Russie. Pointé du doigt après l'attaque contre l'ex-espion russe et sa fille, Moscou a toujours nié être impliqué. Jeudi matin, le gouvernement britannique a appelé les autorités russes "à dire ce qui s'est passé, ce qu'elles ont fait". Disant ne disposer d'aucune information, le Kremlin a réagi en se disant "très préoccupé" par "l'utilisation répétée de telles substances en Europe".

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