Le Premier ministre syrien rejoint l'opposition
La télévision d'Etat syrienne avait annoncé un peu plus tôt son limogeage. Actuellement en Jordanie, il doit gagner le Qatar.
SYRIE - C'est une défection de poids. Le Premier ministre syrien, Riad Hijab, a rejoint les rangs de l'opposition, a-t-il annoncé par la voix de son porte-parole lundi 6 août. Quelques minutes plus tôt, la télévision d'Etat annonçait son limogeage.
Le représentant de Hijab, qui est intervenu sur la chaîne Al Jazeera, a indiqué que le Premier ministre avait préparé cette annonce "depuis des mois" en raison des "crimes de guerre et du génocide" perpétrés par le régime d'Al-Assad. Hijab avait été nommé il y a deux mois, au terme des législatives de mai.
Une opération coordonnée par l'opposition
Le Premier ministre a fui en Jordanie dimanche soir avec sa famille, deux ministres et trois officiers de l'armée. "L'Armée syrienne libre les a tous aidés à passer la frontière. Ils se trouvent à présent en lieu sûr dans le royaume", a expliqué un membre du Conseil national syrien (CNS, opposition). Selon lui, l'opération a été coordonnée par l'opposition.
Le Premier ministre doit maintenant gagner le Qatar. "Hijab ira à Doha, où sont basés les médias internationaux. Il s'y rendra demain, après-demain ou d'ici quelques jours", a déclaré son porte-parole.
Les rebelles exhortent les dignitaires à faire défection
L'opposition a immédiatement salué cette défection, signe selon elle que le régime syrien "se désagrège". Dans un communiqué, le CNS a exhorté les dignitaires du régime a imiter Riad Hijab.
"Il n'y a plus d'excuses pour rester à bord du même bateau que ce régime criminel. Il est temps de choisir entre la loyauté envers la Syrie et son peuple, et celle à un grand terroriste et meurtrier, dont l'heure du jugement est proche", assène le communiqué.
Les défections s'accélèrent
Cette défection n'est pas une première. Depuis le début de la révolte en Syrie, le 15 mars 2011, 41 personnalités ont abandonné le régime, selon une infographie d'Al Jazeera. Et le rythme s'accélère.
Parmi elles, des responsables politique comme le vice-ministre du Pétrole, des diplomates comme l'ambassadeur à Bagdad ou le chargé d'affaires à Londres, mais surtout des militaires. Début juillet, le général Manaf Tlass, un haut gradé de l'armée et ami d'enfance du président, rejoignait ainsi la France. Fils du général Moustapha Tlass, ex-ministre de la Défense et ami de longue date de Hafez Al-Assad, le père de Bachar, Tlass faisait partie de la "nomenklatura" syrienne.
Ces derniers mois, des centaines de militaires syriens ont passé presque quotidiennement la frontière avec la Turquie pour rallier l'Armée syrienne libre, souvent accompagnés par des soldats du rang. Parmi les désertions les plus spectaculaires, on retient celle le 22 juin d'un pilote d'avion de combat syrien, le colonel Hassan Merhi Al-Hamadé, qui s'est enfui à bord de son MiG vers la Jordanie.
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