Ghouta orientale : "Le pire, c'est de voir les personnes mourir parce que nous n'avons pas assez de moyens pour les soigner"
Le collectif "Activism for Syria France", basé à Paris, a organisé vendredi soir une rencontre via Skype avec des médecins syriens de la Ghouta orientale, frappée par les bombardements du régime de Damas. Franceinfo a recueilli leurs témoignages.
La Ghouta orientale en Syrie est épuisée par les bombardements quotidiens du régime de Damas. Plus de 900 personnes ont été tuées depuis le début de l'offensive le 18 février 2018 dans cette enclave rebelle de l'est de Damas. Depuis la trêve de fin février décrétée par l'ONU dans la Ghouta orientale, un seul convoi d'aide médical est entré. La destruction et la terreur sont partout. Nuit et jour. Les bombardements sont continus. Il n'y a que destruction, terreur, raconte Sakher al Dimashki. Ce médecin ne peut plus soigner les centaines de blessés qui arrivent chaque jour. "La situation médicale est catastrophique. Le pire, c'est de voir les personnes mourir parce que nous n'avons pas assez de moyens pour les soigner. Il manque des pansements, des produits anesthésiants et des médicaments".
Un bombardement par minute
Souvent, ce sont les médecins, les urgentistes, les infirmiers qui sont tués. Sakher al Dimashki continue, parfois jusqu'à l'épuisement. "Nous entrons dans les salles d'opérations et nous y restons parfois 20 heures d'affilées ! C'est insupportable". Un obus tombe pendant l'entretien, juste à côté du sous-sol où est caché Sakher. En trois quart d'heure d'interview, il en a compté 45, soit un par minute. Ces bombardements ont dévasté la Ghouta. Les ambulances, cibles du régime de Damas, ne peuvent plus rouler, soit parce qu'il n'y a plus de routes praticables, soit parce qu'elles sont visées par les frappes aériennes.
Des nuits presque blanches pour les casques blancs
Les 250 casques blancs de la Ghouta portent les blessés à bout de bras. C'est le cas de Abu Firas al Iraki. Le jeune homme travaille sans relâche pour tenter de sauver des vies, mais reconnaît son impuissance. "Les Casques blancs dorment une à deux heures par nuit sur les lieux des bombardements", explique Abu Firas Al Iraki.
Lorsque nous fouillons des décombres pour retrouver des survivants, les gens nous parlent. On les entend le premier jour, le deuxième jour. Et au troisième jour, leurs voix s'arrêtent
Abou Firas Al Iraki, casque blancfranceinfo
Lorsqu'on lui demande ce qu'il attend de la communauté internationale, Abu Firas répond, amer : "Nous avons beaucoup parlé et personne ne nous as entendu. Alors aujourd'hui, je ne parlerai plus".
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