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Syrie : l'arrivée d'un convoi humanitaire dans la Ghouta orientale est "une goutte d'eau par rapport à l'océan de misère"

Frédéric Joli, porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), est revenu, lundi pour franceinfo, sur le premier convoi humanitaire entré dans la Ghouta orientale, le fief rebelle bombardé par le régime syrien, depuis mi-février.

Article rédigé par franceinfo
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Des camions du Croissant rouge syrien, transportant de l'aide humanitaire, le 5 mars 2018, à Douma en Syrie. (HAMZA AL-AJWEH / AFP)

"On sent qu'une porte s'est entrouverte, mais il est évident que c'est le politique qui réglera la problématique humanitaire", a expliqué, lundi 5 mars sur franceinfo, Frédéric Joli, concernant le convoi humanitaire entré dans la partie rebelle de la Ghouta orientale, en Syrie. Le porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a déclaré lundi que ce convoi était "une goutte d'eau par rapport à l'océan de misère et d'effroi qui a saisi toute la population de la Ghouta", mais que c'était tout de même "un pied dans la porte".

franceinfo : Comment qualifier l'arrivée de ce convoi humanitaire ?

Frédéric Joli C'est un convoi qui est important pour les milliers de personnes qui vont bénéficier de ce qu'il y a dans ces camions. C'est en gros une assistance pour un mois, pour environ 30 000 personnes, 5 000 familles, essentiellement composée d'assistance alimentaire et de moyens médicaux, mais c'est aussi une goutte d'eau par rapport à l'océan de misère et d'effroi qui a saisi toute la population de la Ghouta, environ 400 000 personnes. Il est évident qu'il faudra répéter dans les meilleures conditions ce type de noria de convois d'assistance humanitaire, mais c'est un pied dans la porte. Le dernier convoi que le CICR avait pu faire rentrer, c'était en novembre dernier. Depuis quatre mois, il n'y a eu aucune assistance et on imagine dans quel état se retrouve aujourd'hui la population, à la fois terrorisée et manquant de tout.

L'armée syrienne a laissé passer le convoi mais, selon l'OMS, les autorités ont bloqué 70% du matériel médical dans ces camions. Comment gérez-vous ce genre de complications ?

L'humanitaire fait ce qu'il peut. Il n'est animé que de son professionnalisme et de sa bonne volonté. Il est évident que tous les belligérants, quels qu'ils soient, demeurent les maîtres du jeu. Malheureusement, l'humanitaire est obligé de s'y soumettre. Si certains s'opposent à ce que certains matériels rentrent, ce ne sont pas les humanitaires qui vont pouvoir régler cette question-là. On est face à une situation épouvantable pour la population, on sent qu'une porte s'est entrouverte, mais il est évident que c'est le politique qui réglera la problématique humanitaire. En attendant, l'humanitaire fait ce qu'il peut.

Comment acheminez-vous directement cette aide à la population de la Ghouta étant donné que beaucoup d'habitants vivent terrés ?

C'est toute la problématique. Il faudrait pouvoir aller partout, pouvoir faire de véritables évaluations. On a beaucoup parlé de corridors humanitaires, sur le papier ça fonctionne bien. Mais on sait très bien que d'un point de vue logistique ou sécuritaire, ça expose à des dangers supplémentaires, avec des populations qui se terrent et seraient obligées de se déplacer pour aller à un point de rendez-vous. On est sur un vrai problème logistique pour nous et sécuritaire pour les populations. C'est une négociation permanente, on essaie d'avoir des interlocuteurs qui comprennent ce que l'on fait, pourquoi on est là, ce sont eux qui vont assurer notre sécurité. On parle à tout le monde, avec les autorités syriennes et avec tous les réseaux que nous essayons de mettre en place.

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