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Djibouti: «La sécurité en Europe dépend de la sécurité en Afrique»

Une partie de la défense de Djibouti est assurée par l’armée française dont les effectifs devraient être revus à la baisse. Dans ce pays hautement stratégique, la France garde un rôle important à jouer. Gwendal Rouillard, député du Morbihan, coauteur d'un rapport sur la présence militaire française en Afrique présenté le 9 juillet 2014 à l'Assemblée, l’évoque pour Géopolis.
Article rédigé par Catherine Le Brech
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des soldats français lors d'exercices d'entraînement à Djibouti. (AFP/JACQUES DEMARTHON)

On parle d’une réduction d’effectifs militaires à Djibouti. Quel en serait l’impact ?
La France, qui fait les bons choix stratégiques en s’engageant en Afrique, doit maîtriser ses dépenses publiques. Ses soldats positionnés sur le continent africain devraient passer de 3800 à 3300 et à Djibouti, de 1950 à 950.
 
Mais selon l’hypothèse de travail de certains membres de l’état major des armées, il faudrait que les militaires français soient 1300 pour y être crédibles et rester opérationnels sur le terrain.
 
Dans cette optique, il existe déjà une complémentarité opérationnelle militaire avec la base d’Abou Dhabi, les avions Rafales basés aux Emirats arabes unis venant s’entraîner à Djibouti.
 
Il ne faudrait pas mettre en difficulté ce pays, qui est un pôle de sécurité, par rapport à la menace terroriste. D’autant que la France a renouvelé ces derniers mois l’accord de défense et de coopération avec les autorités djiboutiennes dont la volonté est qu’il soit respecté.
 
A l’inverse, d’autres pays s’y renforcent ou s’y installent : le contingent américain va passer de 2000 à 4000 hommes ; la Russie et la Chine s’y implantent ; les Italiens y reviennent et 200 militaires japonais y stationnent…
 
Par ailleurs, les intérêts économiques français sont vecteurs d’influence dans la région (en Ethiopie, ou au Yémen où le groupe français Total exploite un champ gazier, par exemple).
 
Quelles sont les menaces qui pèsent sur cette région ?
Il faut avoir conscience de la gravité et de la diversité des menaces dans cette partie du monde, où des connexions et des ramifications entre groupes islamistes armés sont avérées. Comme c’est le cas notamment entre les shebabs de Somalie et al-Qaïda dans la péninsule Arabique (Aqpa) au Yémen (Djibouti se situe entre ces deux pays, ndlr).
 
On constate qu’il n’y a pas uniquement une juxtaposition de ces mouvements terroristes, mais qu’ils sont connectés les uns aux autres, même si leurs objectifs sont différents.
 
Il est important de leur faire passer le message que les alliés occidentaux sont présents dans la région dans le cadre d’un dispositif cohérent et opérationnel. Qui s’ajoute à d’autres, comme par exemple, les contrôles menés sur les flux financiers de ces groupes issus de trafics. Aujourd’hui, la sécurité en Europe dépend de la sécurité en Afrique.
 
Quid de la piraterie dans l’océan Indien ?
La piraterie maritime a été réduite quasiment à néant depuis 18 mois dans le cadre de l’opération européenne Atalante qui est un véritable succès.
 
Pour autant, il ne faut pas baisser la garde et réfléchir à l’après-Atalante, dans le cadre par exemple, d’un dispositif de veille active dans le secteur maritime.

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