Au Yémen, la survie des déplacés d'Aden, où prospèrent famine et choléra : "On vit au milieu des mouches et des poubelles"
Dévasté par trois années de guerre, le Yémen voit fuir sur ses routes des milliers de déplacés. À l'abri des bombes à Aden où certains d'entre eux ont trouvé refuge, ils luttent aujourd'hui contre la famine et le choléra qui ravagent le pays.
Déchiré depuis trois ans par une guerre civile qui a fait plus de 10 000 morts et 50 000 blessés, le Yémen est menacé par la famine et voit sur ses routes se presser des milliers de déplacés.
Dar Saad, condensé de misère
Le quartier de Dar Saad, au nord d’Aden, est un condensé de misère. De nombreux déplacés s’y entassent, notamment ceux de la ville de Ta’izz, plus au nord, où se trouve la ligne de front, autour de laquelle se combattent les forces loyalistes et les rebelles houthis.
Une dizaine de familles se sont installées dans des constructions de fortune. Adnan, la trentaine, est assis sur un carton. Lui et sa famille ont fui la guerre et les combats. Sa maison a été totalement détruite. "Les houthis bombardent à l’aveugle, soupire-t-il. J’avais trois enfants. J’ai perdu une fille : elle est morte d’une balle dans la tête."
Heureusement que les gens d’ici nous ont aidés à construire cet abri en bois sinon nous dormirions dans la rue
Adnanfranceinfo
Les enfants jouent à moitié nus dans la rue jonchée de détritus. Pour les nourrir, leurs parents sont contraints à la mendicité. Marwan est mère de quatre enfants. "Vous voulez la vérité ? Nous n’avons rien à manger et nous sommes affamés", explique la jeune femme de 27 ans.
Un million de personnes atteintes du choléra
Son fils a eu le choléra mais a pu être soigné à l’hôpital, où il a guéri de cette maladie qui touche, selon le Comité international de la Croix-Rouge, un million de personnes au Yémen. "J’étais morte d’inquiétude, se souvient Marwan. Il n’arrêtait pas de vomir. Nous vivons au milieu des mouches et des poubelles, c’est pour cette raison qu’il a attrapé cette maladie…" À l’abri des bombes, ces déplacés vivent désormais dans le plus grand dénuement, sans espoir de pouvoir un jour revenir chez eux.
Selon le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés, l'intensification des combats au Yémen a entraîné le déplacement de plus de 32 000 personnes ces deux derniers mois. Ils s'ajoutent aux quelque deux autres millions de Yéménites déjà déplacés.
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