Syrie : l'Italie sauve des trésors archéologiques de Palmyre
Deux bustes de la cité antique de Palmyre, en Syrie, ont pu être sauvés du groupe État islamique et ont été restaurés par l'Italie. Ils vont être renvoyés pour retrouver leur place d'origine.
Le groupe État islamique n'a de cesse de détruire sur son passage le patrimoine culturel de la Syrie. La cité antique de Palmyre est sans doute la plus touchée par ce désastre archéologique.
Mais la guerre pour protéger ce patrimoine ancestral continue, et l'Italie a certainement remporté une bataille : deux bustes de Palmyre ont pu être sauvés. Ils sont arrivés, l’an dernier, à Rome pour être restaurés et seront renvoyés en Syrie à la fin du mois de février.
Reconstitutions par images 3D
Le groupe État islamique avait fait de gros dégâts à ces deux sculptures. Le coup de masse d’un jihadiste avait notamment emporté la partie gauche du visage d'un de ces bustes, daté entre le IIe et le IIIe siècle. Arrivé à Rome l’an dernier avec une autre sculpture, il a pu être restauré par des experts italiens, utilisant des techniques très pointues. "On a fait une reconstitution à partir d'un scan 3D de la partie [toujours existante], on a fait un découpage miroir, et on a répliqué la partie existante sur la partie perdue", décrit Antonio Iaccarino Idelson, un restaurateur.
Cette opération a été rendue possible grâce à un accord entre la direction des antiquités de Damas et l’association italienne Rencontres de civilisations, qui se sont mises d'accord sur une entente scientifique. Il ne s'agit en effet en aucun cas d'une collaboration politique avec le régime syrien, comme l'explique le président de l'association, l’ancien maire de Rome, Francesco Rutelli, qui a suivi le périple de ces sculptures. "La direction des antiquités de Damas les a amenées à la frontière, explique-t-il. Puis, les bustes ont été pris en charge au Liban par des chargés d'affaires italiens. [Les sculptures] ont pris un avion pour Rome avec nos archéologues. Et ce sera la même chose pour le retour." Les deux bustes seront ainsi renvoyés en Syrie à la fin du mois de février.
Un exemple à suivre
L’Italie montre par cette opération son engagement dans la protection du patrimoine culturel mondial et souhaite donner l’exemple. "Ce qui nous intéresse, ce n’est pas d'être les premiers de la classe. Il faut que la communauté internationale s’active dans son ensemble, explique Dario Franceschini, le ministre de la Culture. Si le patrimoine culturel est celui de l’humanité comme le rappelle l’Unesco, des occasions concrètes comme celles-ci permettent de le manifester, indépendamment du pays où il se trouve."
Une fois Palmyre libérée, il y aura un grand engagement de reconstruction dans lequel nous espérons que toute la communauté scientifique internationale sera impliquée.
Dario Franceschini, le ministre de la Culture italienà franceinfo
D'ailleurs, dans la continuité de cet engagement, l’Italie accueille fin mars à Florence le premier G7 de la culture. Il y sera notamment question du trafic illicite d’œuvres d’art, source de revenu pour le groupe État islamique.
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