Cet article date de plus de huit ans.

"Si j'étais tombé, le sniper m'aurait achevé" : des peshmergas témoignent de la violence de l'offensive vers Mossoul

Côté kurde, aucun chiffre officiel n'est communiqué. Mais le nombre de victimes des combats contre le groupe État islamique, à l'est de Mossoul, grandit de jour en jour. Dans les rangs des peshmergas, les blessés racontent l'intensité des combats.

Article rédigé par franceinfo - Envoyé spécial en Irak, Philippe Randé
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Un combattant peshmerga blessé le 20 octobre 2016 dans le village de Nawran, à une dizaine de kilomètres au nord-est de Mossoul (Irak) (SAFIN HAMED / AFP)

"C'est la bataille la plus difficile que j'ai connue". Allongé sur un lit, un grand pansement sur le visage, Karwan a été blessé en pénétrant dans un village, à l'est de Mossoul, sur le front des combats entre les peshmergas kurdes et le groupe État islamique. Dans leur offensive appuyée par la coalition internationale, les forces kurdes et irakiennes avancent jour après jour vers la deuxième ville d'Irak, toujours aux mains de Daech.

Snipers et voitures piégées

Dans le couloir de l'hôpital, un responsable kurde distribue des bouquets de fleurs aux familles des victimes. Combien sont morts ? La réponse est toujours la même : pas de bilan officiel. Karwan raconte le moment où lui et les peshmergas ont essuyé les tirs d'un sniper djihadiste, posté dans un village : "Ce sniper était très expérimenté. Il n'a raté aucun de ses tirs. Une voiture piégée nous a ensuite foncé dessus."

Tout ce dont je me souviens, c'est que j'ai tourné la tête et que ça a explosé

Karwan, un combattant peshmerga

blessé près de Mossoul

"Mon père est venu vers nous et le sniper lui a tiré dessus", ajoute Karwan. Finalement, le père s'en est sorti vivant. "J'ai réussi à tenir debout, acquiesce Aziz, qui se fait soigner aux côtés de son fils. Je sentais le sang gicler de mon épaule. J'ai réussi à aller jusqu'à ma voiture. Si j'étais tombé, le sniper m'aurait achevé."

Pendant que son fils boit difficilement quelques gorgées de thé, Aziz n'a qu'une envie : repartir sur le front. "Daech, ce sont des kamikazes qui n'ont rien d'humain. Ce sont juste des gens qui veulent mourir. Ils ne se battent plus face à face, les armes à la main", explique-t-il.

Je suis sûr qu'avec une bonne coopération, Daech peut être totalement détruit en Irak

Aziz, un combattant peshmerga

blessé près de Mossoul

Mardi 25 octobre, une unité d'élite irakienne est parvenue à s'approcher à moins de deux kilomètres de Mossoul, avant de cesser sa progression pour attendre l'arrivée de renforts. 90 villages alentours ont déjà été repris au groupe État islamique.

Reportage de Philippe Randé avec les peshmergas blessés dans l'avancée vers Mossoul

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.