"Qu'ils ne m'oublient pas" : le message de Mélina Boughedir, jihadiste française emprisonnée en Irak, à ses enfants revenus en France
La Française Mélina Boughedir, condamnée en juin 2017 pour terrorisme, purge sa peine en Irak. Une envoyée spéciale de France Inter a pu la rencontrer dans se prison de Bagdad.
C'est un reportage rare et exclusif. Sophie Parmentier, envoyée spéciale de France Inter, a pu se rendre dans une prison de femmes en Irak, à Bagdad, il y a quelques jours. Elle a pu longuement y rencontrer la Française Mélina Boughedir, condamnée à 20 ans de prison, pour avoir rejoint le groupe Etat islamique avec son mari et leurs jeunes enfants, en Syrie, puis en Irak.
Dans cette prison cerclée de barbelés et cernée de miradors, 470 femmes sont détenues, toutes condamnées pour terrorisme, beaucoup accompagnées de leurs enfants. Parmi elles, des Françaises, dont Mélina Boughedir, que France Inter a rencontrée. L'interview a eu lieu dans une petite salle aux chaises de plastique bleues, sous la surveillance d'une douzaine de responsables irakiens.
"Je les aime beaucoup, j'espère bientôt les revoir"
Mélina Boughedir a pour instruction de ne s'exprimer qu'en arabe. Elle parle dans un arabe littéraire très rudimentaire et serre contre elle son bébé de deux ans, une petite fille. Ses trois autres enfants de 4, 6 et 8 ans sont repartis en France, en décembre 2017. "Je les aime beaucoup, j'espère bientôt les revoir... Qu'ils ne m'oublient pas ! dit-elle, s'adressant à eux via l'envoyée spéciale de France Inter. Je les ai eus juste une fois au téléphone, il y a un an (...) Puis en juin, j'ai été condamnée... Et alors, plus de nouvelles de mes enfants... J'ai demandé plusieurs fois à la Croix Rouge de leur téléphoner, mais pas de nouvelles..."
Son bébé agrippé à son cou, la jeune française de 28 ans confie à France Inter son quotidien dans cette prison de Bagdad, à 90 femmes et enfants par cellule, dit-elle. "Ma fille, elle est toujours avec moi, dit sa mère. On est sur le même matelas. Elle n’a pas de jouet. C’est la même chose pour tous les enfants. Il n’y a pas de jouets, pour les enfants."
Mélina Boughedir assure qu’elle est innocente, qu’elle n’a jamais fait partie de la police des mœurs de Daech, à Mossoul, où elle avait suivi son mari, un Français converti, aujourd’hui présumé mort. Elle attend désormais un procès en appel, sans trop y croire.
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