Cet article date de plus de sept ans.

Offensive vers Mossoul : les civils trouvent asile dans des camps de réfugiés

Après onze jours de combats, les civils quittent la zone de Mossoul (Irak) pour se mettre à l'abri dans des camps de réfugiés, derrière la ligne de front.

Article rédigé par franceinfo - Envoyé spécial en Irak, Philippe Randé
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Des familles se retrouvent dans le camp de Khazir (Irak), à l'est de Mossoul, le 26 octobre 2016. (BULENT KILIC / AFP)

Onze jours de combat et des milliers de civils qui cherchent un refuge. Les forces de la coalition approchent progressivement de Mossoul, deuxième ville d'Irak et fief du groupe État islamique. La bataille se durcit. 900 jihadistes ont été tués depuis le début de l'offensive. Les habitants fuient les zones de combats pour arriver sur les lignes de front. L'envoyé spécial de franceinfo s'est rendu au camp de Khazir, à l'est de Mossoul.

L'arrivée dans le camp, une renaissance

Les pommettes encore noircies par les combats, les pieds recouverts d'une épaisse poussière, les premiers déplacés arrivent dans le camp de Khazir depuis mercredi 26 octobre. Ce camp se trouve à quelques kilomètres seulement de la ligne de front, au bord d'une route parsemée de gravats et de carcasses de voitures. Mais aux yeux des réfugiés, Khazir semble bien loin de la ligne de front, loin de leur passé. Ils ont vécu plus de deux ans à la merci des jihadistes. Ces grandes tentes protégées par des soldats sont synonymes de renaissance.

Ahmad vient d'entrer dans le camp avec un peu de vaisselle ramenée de sa maison. Il n'arrive pas à oublier ce moment précis, il y a deux jours, où il a fui son village au milieu des combats : "On était tous assis dans la maison. Les avions de la coalition savaient qu'on était là. Mais les snipers jihadistes étaient sur le toit et devant notre porte. Du coup, un tank irakien a tiré sur la maison et a tué un civil. Finalement, on a pu s'échapper à pied avec nos moutons, protégés par les blindés irakiens. Ils nous ont délivrés."

Comme Ahmad, 1 200 déplacés ont passé la nuit sous une tente, dans un camp qui pourrait accueillir 13 000 personnes. Des pelleteuses sont encore à l'œuvre, afin de terminer la construction du camp. Pas de quoi perturber le sommeil des déplacés.

Je n'avais pas aussi bien dormi depuis 2014.

Ahmad a fui les combats

Les civils rejoignent le camp de Khazir pour trouver protection.

L'heure des retrouvailles

Au-delà du sentiment de sécurité, le camp de Khazir permet aux réfugiés de retrouver parfois des membres de leur famille. "C'est le fils de mon frère", crie Ismaël. En face de lui, son neveu Mohamad vient d'arriver d'un village en périphérie de Mossoul.

Tous deux se tiennent de chaque côté du grillage, mais parviennent quand même à s'embrasser en pleurant : "Cela fait deux ans et demi qu'on ne s'est pas vus. Moi j'ai fui dès que Daech est arrivé." Mohamad, lui, a fui "depuis à peine trois jours. L'armée est venue. On en a profité pour fuir et pour venir ici."

Tous les jours, même en dormant, je me suis persuadé qu'un jour je serai libre. Tous les jours j'y pensais.

Mohamad, un réfugié

Pendant de très longues minutes, Mohamad et Ismaël restent ainsi, face-à-face, comme s'ils avaient besoin de temps pour se regarder, avant que Mohamad raconte ses deux ans et demi en enfer : "J'ai perdu ma maison, ma voiture... Mais je m'en fiche, je me sens heureux et en sécurité. J'ai eu tellement peur. Ils nous ont obligé à avoir la barbe, ils ont interdit les téléphones, les cigarettes... Tout ! J'ai changé. Mes cheveux étaient noirs, maintenant ils sont blancs à cause de la peur des bombardements et des tirs des jihadistes. Et puis ils nous prenaient comme prisonniers, sans raison."

Finalement, après un bref interrogatoire, Ismaël est autorisé à entrer dans le camp pour rejoindre son neveu. Des dizaines de familles se pressent actuellement vers le camp de Khazir.

C'est l'heure des retrouvailles pour des civils irakiens en fuite.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.