"Je préfère être ici plutôt qu’en France" : des femmes de combattants de l'Etat islamique ont recréé Baghouz au camp de Al-Hol, en Syrie
Plusieurs Françaises, surveillées par les forces kurdes dans un camp en Syrie, assurent qu'elles ne veulent ni rentrer en France, ni y envoyer leurs enfants, selon des témoignages recueillis par franceinfo.
L'Etat islamique "est toujours dans nos cœurs et ça, personne ne pourra l’enlever. Même si là, il n’y est plus, il va revenir", s'exclame l'une des Françaises parmi les déplacés de Baghouz au camp de Al-Hol dans le nord-est de la Syrie. Plusieurs femmes ont livré leur témoignage à franceinfo, n'exprimant aucune intention de rentrer chez elles, au contraire.
"C’est comme si on était encore dans l’Etat islamique, sauf qu’on est enfermées dans un camp et que tout le monde fait sa vie", poursuit l'une des femmes qui se disent françaises. Enveloppées dans leur niqab noir, elles précisent venir de Nice, Paris, Lyon, Toulouse. Elles ont vécu les dernières heures du groupe terroriste à Baghouz avant d’être transférées dans ce camp où s'entassent quelque 70 000 déplacés depuis la chute de l'ultime réduit de l'Etat islamique en Syrie, d'une capacité de 20 000 places. Elles regrettent Daech, disent-elles, et expriment de l'espoir : "Bien sûr qu’il reviendra." Et elles l'ont recréé derrière les barbelés.
La France ne fait pas partie des plans, ni l'Irak
Une vie de routine entre femmes et enfants, en l’absence des hommes, combattants dans les rangs du groupe terroriste. "Ils sont tous en prison ou morts ou blessés", dit l’une, ajoutant qu’"ils sont en train de pourrir dans une espèce de grande tente". Certaines de ces Françaises vont jusqu’à comparer le camp à leur dernier bastion : "C’est Baghouz à Al-Hol ! Je préfère être ici plutôt qu’en France. Je patiente et je verrai ce qui adviendra."
La France, bon nombre d’entre elles ne veulent plus en entendre parler. "La France, non. Elle veut nous retirer nos enfants". Toutes refusent catégoriquement la proposition des autorités françaises de rapatrier les enfants au cas par cas : "Je ne me séparerai jamais de mes enfants. Les enfants ont besoin de leur mère, c’est connu."
L’autre grande crainte de ces femmes, c’est un transfert en Irak, pour y être jugées, là où la peine de mort est en vigueur : "On ne veut pas retourner en France, mais il ne faut pas nous rapatrier en Irak, parce qu’ils vont nous pendre, ils vont nous tuer."
Retenues dans une partie du camp réservé aux étrangères, ces Françaises sont placées sous haute surveillance en attendant d’être fixées sur leur sort.
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