Cet article date de plus de neuf ans.

Intervenir au sol ou non contre l'Etat islamique : Obama et le Congrès débattent

La résolution présentée par Barack Obama pour autoriser une guerre de trois ans contre l'Etat islamique va être discutée au Congrès.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Barack Obama, le 11 février 2015, à Washington. (JIM WATSON / AFP)

Des troupes américaines au sol pour combattre l'Etat islamique ? Le Congrès s'apprête à débattre de cette épineuse question. Dans le document présenté par Barack Obama aux membres du Congrès, cette hypothèse n'est pas formellement retenue, mais tout est question d'interprétation.

Ce document d'à peine trois pages est une résolution demandant au Congrès de contresigner la guerre contre l'organisation Etat islamique, pour trois ans et sans intervention terrestre de longue durée.

Que dit la résolution présentée par Obama ?

Le texte vise à "autoriser un usage limité des forces armées américaines contre l'Etat islamique en Irak et au Levant". L'Etat islamique "représente une menace pour les peuples et la stabilité de l'Irak, de la Syrie et du Moyen-Orient, ainsi qu'à la sécurité nationale des Etats-Unis", écrit Barack Obama dans une lettre aux parlementaires. Il cite quatre Américains tués aux mains du groupe EI : James Foley, Steven Sotloff, Peter Kassig et Kayla Mueller. "Sans intervention, l'EI pose une menace au-delà du Moyen-Orient, y compris pour le territoire des Etats-Unis", poursuit-il.

Barack Obama n'a évidemment pas attendu l'autorisation du Congrès pour commencer cette guerre contre les jihadistes de l'EI. Les avions américains les bombardent depuis le 8 août en Irak, et depuis le 23 septembre en Syrie. Près de 2 000 militaires aident déjà les forces irakiennes. Ces six mois d'opérations militaires sont conduites en vertu des pouvoirs de commandant en chef de Barack Obama, et fondées officiellement sur les autorisations votées par le Congrès contre l'Irak (2002) et Al-Qaïda (2001).

Depuis six mois, de nombreux élus contestaient une guerre illégale et exhortaient le Congrès à assumer son rôle constitutionnel de déclarer les guerres. Le nouveau document abrogerait l'autorisation d'intervention de 2002 contre l'Irak, et donnerait une base juridique à la guerre contre l'EI. Elle fixerait les paramètres suivants : l'autorisation court trois ans, elle vise le groupe EI et "les forces et personnes associées", elle ne comporte pas de contraintes géographiques. L'EI a en effet "a annoncé son intention de saisir davantage de territoires" que la Syrie et l'Irak. Mais le document interdirait des "opérations durables de combats terrestres offensifs".

Qu'en pensent démocrates et républicains ?

C'est ce dernier paramètre, qui interdit les "opérations durables", qui devrait susciter le plus de débats. Selon Barack Obama, cette limitation permettrait des opérations de sauvetage, des raids des forces spéciales contre les chefs de l'EI ou des opérations de renseignement. Mais elle empêcherait une nouvelle invasion du type de celles lancées en Irak et en Afghanistan.

Les républicains, traditionnellement attachés à l'idée d'un exécutif fort, sont majoritairement hostiles à toute restriction concernant le déploiement de troupes au sol. "Toute autorisation d'usage de la force militaire doit donner à nos chefs militaires la flexibilité et le pouvoir nécessaires pour réussir et protéger notre peuple, a déclaré John Boehner, le président républicain de la Chambre des représentants. Je suis inquiet que la demande du président ne remplisse pas cette condition."

Barack Obama "doit expliquer comment l'armée peut opérer sous les restrictions qu'il suggère", a estimé Mac Thornberry, président de la commission de la Défense de la Chambre. "Et il doit expliquer pourquoi il cherche à lier ses propres mains en limitant des pouvoirs qu'il a déjà clamés."

A l'inverse, de nombreux démocrates traumatisés par la guerre d'Irak, que beaucoup, dont Hillary Clinton, avaient approuvée avant de la regretter, souhaitent interdire strictement le déploiement de troupes de combat. Ils veulent ainsi empêcher tout glissement vers une opération de long terme pour les soldats américains. "Je suis inquiet du caractère large et vague de l'article sur les troupes américaines au sol, et je vais chercher à le clarifier", déclare ainsi le sénateur démocrate Tim Kaine.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.