: Reportage "Ce Noël ne sera pas comme avant" : au sud du Liban, la communauté chrétienne s’apprête à passer le réveillon sous les bombes
Dans une petite maison du village de Rmeish, à deux kilomètres de la frontière entre le Liban et Israël, les deux filles de Bassem dessinent au pied d'un sapin en plastique orné de quelques guirlandes. "Ça fait deux mois qu'elles ne sortent plus de la maison, raconte Bassem. Elles passent leurs journées ici à regarder la télévision."
Dans le sud du Liban, les affrontements quotidiens entre le Hezbollah et Israël ont déjà fait plus de 130 morts. Des milliers de personnes, souvent trop pauvres pour fuir, n'ont nulle part où se réfugier.
La communauté chrétienne s'apprête à passer Noël alors que les bombardements se poursuivent. "Le bruit des bombes ça nous fait peur, on essaye de ne pas leur montrer pour ne pas les traumatiser, poursuit Bassem. On a quand même décoré le sapin pour les petites mais nous n'avons pas le cœur à célébrer Noël, alors que les gens souffrent autour de nous."
La minorité chrétienne s'inquiète d'être prise en étau
Depuis le 8 octobre, des bombes israéliennes visent quotidiennement les alentours. Maria, 7 ans, n'y prête plus vraiment attention. Elle espère juste retrouver bientôt une vie normale. "J'aime beaucoup aller à l'école, mais en ce moment, ce n'est pas possible à cause de la guerre, déplore Maria. Ce Noël ne sera pas comme ceux d'avant."
"Mon plus beau cadeau, ce serait que la guerre s’arrête, qu’on puisse retourner à l’école et vivre en sécurité avec ma famille."
Maria, 7 ansà franceinfo
Dans le sud du Liban, la minorité chrétienne s'inquiète d'être prise en étau entre Israël et le Hezbollah. Mireille, la tante, se sent abandonnée par la communauté internationale : "On nous impose une guerre qui n'est pas la nôtre. C'est frustrant. On est en colère. La guerre n'apporte que la ruine, la destruction, le malheur. Espérons qu'ils vont nous faire un petit geste pour Noël : un petit cessez-le-feu, inch'Allah !" Comme les trois quarts des habitants du village, cette famille est restée malgré la guerre, trop pauvre pour fuir vers le nord.
L'État en faillite n'a rien fait pour venir en aide aux dizaines de milliers de Libanais sous les bombes depuis deux mois et demi. "Nous préparons Noël seulement par les prières, explique le père Najib, 73 ans, le curé de Rmeish. À cause des bombardements les habitants ne travaillent pas. Il n'y a pas d'argent pour acheter les cadeaux." Le prêtre célébrera la messe de Noël avec ses fidèles, dans sa paroisse malgré le risque. Il y a un mois, une église a été bombardée par Israël dans le village voisin.
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