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Reportage "Seul un imbécile n'aurait pas peur" : à la frontière avec le Liban, un village bédouin vit au rythme des frappes

Le Premier ministre israélien a averti le Hezbollah : "Nous n’avons montré qu’une petite partie de ce que nous pouvons faire".
Article rédigé par Willy Moreau
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La route pour accéder au Liban depuis le nord d'Israël est à portée de missiles antichar, les habitants du village d'Arab al Aramshe l'empruntent fréquemment. (RADIOFRANCE / WILLY MOREAU)

" Le Hezbollah joue avec le feu." Le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a mis en garde le mouvement islamiste libanais lundi 13 novembre. Loin de la bande de Gaza et des combats intenses qui se poursuivent, c’est l’autre front qui monte dans le nord d’Israël. Les tirs de roquettes libanais se multiplient. L’armée israélienne renforce ses troupes sur place et intensifie ses frappes. "Nous n’avons montré qu’une petite partie de ce que nous pouvons faire", menace le Premier ministre israélien. Franceinfo s'est rendu à Arab el Aramshe, un village bédouin situé à 200 mètres du Liban, où les habitants vivent au rythme des frappes.

Le village se trouve en hauteur face à une crête : c'est le Liban. La route pour y accéder est à portée de missiles antichar. Fatima l'emprunte tous les jours. Elle sort de sa voiture, le regard fatigué d'angoisses. "Seul un imbécile n'aurait pas peur, quelqu'un de normalement constitué a forcément peur, reconnaît-elle. Venez boire du thé, ce sera beaucoup plus agréable." Fatima tient beaucoup à sa maison, elle ne veut pas la quitter. Elle monte à l'étage et présente son mari, Ali, encore secoué. Des roquettes sont tombées le matin même dans un village voisin. "On entend sans arrêt des échos d'explosions, et des drones et tout ça, raconte-t-il. Celui qui réussit à survivre, il devra ensuite aller chez le psychiatre." De sa fenêtre, on aperçoit au loin un immense panache de fumée. Une frappe vient de se produire.

Schlomi, une ville désertée

En bas de chez lui, au pied de la mosquée où se trouve un abri, il y a l'épicerie bien vide de Hattab. Il montre sur son portable une photo de son petit frère, engagé dans la bande de Gaza. Il s'emporte contre le Hamas et le Hezbollah. "Eux ne respectent pas la religion de l'islam, blâme-t-il. Ils sont cruels, ils ont commencé la guerre, il faut les exterminer jusqu'au dernier." Malgré la peur des combats, Hattab soutient fermement les frappes israéliennes, dont les troupes sont omniprésentes.

La ville de Schlomi, à la frontière entre Israël et Liban, a été désertée par 7 000 habitants, le 13 novembre 2023. (RADIOFRANCE / WILLY MOREAU)

Sur la route en contrebas d'Arab el Aramshe, il y a la ville désertée de Shlomi que 7 000 habitants ont fuie. Luchy Yosef, le directeur du cabinet du maire, évoque six à sept roquettes qui ont frappé la ville depuis le début du conflit. Il explique : "En théorie, la situation ici peut devenir beaucoup plus grave que dans la région de Gaza, car le Hezbollah est plus puissant et a des moyens militaires plus conséquents. Mais d'un autre côté, le Hezbollah agit dans un État souverain et on peut se dire que ceux qui nous attaquent voient ce qu'il se passe à l'intérieur de la bande de Gaza." Les circonstances sont exceptionnelles en ce moment, souligne Luchy, mais la région est habituée. L'année dernière, des roquettes ont déjà visé Shlomi et ses alentours.

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