: Témoignage "C'est pire qu'un cauchemar" : un médecin de Gaza raconte la situation catastrophique de son hôpital, où anti-douleurs et électricité manquent cruellement
En temps normal, il y a 12 lits en réanimation dans cet hôpital du sud de Gaza, près de Khan Younès. Mais aujourd’hui, on en compte 36, rapporte le docteur Mahmoud Ali à franceinfo. Les maladies infectieuses sont sa spécialité mais, depuis le 7 octobre et la riposte israélienne aux attaques terroristes du Hamas, il ne voit plus ses patients, qui ne peuvent plus être suivis.
Tous les lits sont désormais réservés aux blessés des bombardements. "C'est difficile de trouver des anti-douleurs pour ces patients, surtout en intraveineuse. On utilise des comprimés comme du paracétamol ou tout ce qu'on trouve, mais ils souffrent tellement", raconte le praticien.
"Si vous venez dans n'importe quel service, vous pouvez entendre les patients hurler de douleur, et on ne peut rien faire pour eux."
Mahmoud Ali, docteur dans le sud de Gazaà franceinfo
Un convoi humanitaire est désormais autorisé à entrer dans Gaza quotidiennement, via le poste-frontière de Rafah, avec l'Égypte, après de longues négociations. Une vingtaine de camions ont pu pénétrer dans l'enclave, un chiffre dérisoire selon les organisations internationales qui travaillent sur place. D'autant qu'Israël refuse toujours l'acheminement de carburant, essentiel pourtant pour la production d'électricité sur place. "Si du carburant ne rentre pas, les hôpitaux vont complètement arrêter de fonctionner", alerte d'ailleurs le coordonnateur de l'aide humanitaire pour l'ONU, qui raconte avoir visité des urgences à la lumière de son téléphone. De moins en moins de générateurs fonctionnent, et le système de soins s’écroule.
S'il y a une centaine de patients traités dans cet établissement, de 2 000 à 3 000 personnes viennent s’y réfugier la nuit, quand les bombardements sont plus réguliers. "C'est pire qu'un cauchemar. Ton coeur ne peut pas tolérer ça. Il y a des bombardements partout, les mauvaises nouvelles viennent de partout, mais qu'est-ce qu'on peut faire ? On doit survivre", lance le Dr Mahmoud Ali.
Ce médecin de 51 ans raconte que la plupart de ces victimes hospitalisées n’ont jamais pu sortir de la bande de Gaza. Il se souvient que, pour la remise à niveau de sa formation, il lui avait fallu attendre 4 ans pour obtenir l’autorisation de quitter l’enclave.
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