Témoignage "Avant c'était une prison à ciel ouvert, là on est dans une cage" : Rami, journaliste à Gaza, raconte son départ forcé de Rafah avec toute sa famille

Malgré les critiques, l'armée israélienne poursuit son offensive sur Rafah, obligeant les civils à un nouvel exode.
Article rédigé par Etienne Monin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des Palestiniens fuient Rafah à bord d'une charette, le 29 mai 2024. (BASHAR TALEB / AFP)

À Rafah, après l’avancée des troupes israéliennes, la situation se dégrade sensiblement. La ville est maintenant en grande partie vidée et ce nouvel exode intérieur a créé une situation de chaos.  Mais la progression des troupes israéliennes a également chassé les habitants qui étaient les plus éloignés au début des combats. 

Quand il poste les vidéos des frappes israéliennes sur Rafah lundi 27 mai au soir, le journaliste Rami Abu Jamous est alors dans l’épicentre. "Ça a commencé à bombarder très fort. On faisait des prières parce qu'on pensait que c'était notre dernière nuit", raconte-t-il. Rami fait partie des déplacés de Rafah depuis plusieurs mois. Il vivait dans la maison d’un ami avec sa famille quand, mardi matin, les chars se sont retrouvés à quelques rues d’eux. "On a ouvert la porte et on a vu les flux de gens qui partaient. Ils étaient presque tous à pied, il y avait quelques charettes, une seule voiture qui partait, et tout le monde prenait ce qu'il pouvait emmener avec eux, parce qu'ils savaient qu'on était entourés de chars", témoigne Rami.

Les villes voisines "pas équipées" pour accueillir les déplacés

Les sacs quasiment prêts, la famille s’est alors entassée dans une voiture avec une tente, des matelas et une bouteille de gaz, direction la route du nord pour tourner le dos aux blindés israeliens. "On a fait des zig-zag pour ne pas être dans les routes principales. On a fini par souffler quand on est sortis sains et saufs, mais on a continué à entendre les bombardements à droite et à gauche", poursuit Rami. D’après le journaliste, l’avancée des chars et les bombardements meurtriers de dimanche ont terminé de vider Rafah.

Ce nouveau transfert de population pèse notamment sur la ville de Deir El Balah, un peu plus au nord. Elle n’est pas équipée pour cela, explique Nouredin Al Mansoun, qui travaille avec la municipalité. 

"Cela crée des tensions sur les ressources. Le manque d'eau devient notre nouvelle réalité et quand vous marchez dans la rue, vous voyez des gens partout. Il n'y a pas assez de place pour tout le monde." 

Nouredin Al Mansoun

à franceinfo

La famille de Rami Abu Jamous s’est s’installée sous une tente, près de la mer, à quelques kilomètres de Rafah. D’après lui, le gros de la population est maintenant sur la bande côtière. Une nouvelle réduction de l’espace vital. "Avant c'était une prison à ciel ouvert, là on est dans une cage à ciel ouvert ! C'est un tout petit espace par rapport à toute la bande de Gaza, or tout le monde s'est entassé là", dit-il.

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