Livraison de sept tonnes d'aide humanitaire à Gaza : la France fait "acte de présence", observe un ancien colonel

"La France a été ambiguë, mais comme tous les États européens", déplore Peer De Jong, samedi 6 janvier sur franceinfo, alors que des cargaisons d'aide humanitaire et sanitaire ont été larguées sur la bande de Gaza la veille.
Article rédigé par franceinfo
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De l'aide humanitaire française et jordanienne en cours de chargement dans un avion militaire, le 5 janvier 2024. (AFP PHOTO / JORDANIAN ARMED FORCES)

Dans la guerre entre Israël et le Hamas, Paris fait "acte de présence", a analysé Peer De Jong, vice-président de l'institut Themiis et ancien colonel des troupes marines, invité sur franceinfo samedi 6 janvier, alors que la France et la Jordanie ont largué sept tonnes d'aide humanitaire et sanitaire sur la bande de Gaza, vendredi.

franceinfo : C'est la première fois que la France parachute de l'aide sur Gaza, a fait savoir l'Élysée. Pourquoi maintenant ? Qu'est-ce qui a rendu cela possible ?

Peer De Jong : Déjà les autorisations de survol. C'est une zone de guerre dans laquelle les Israéliens sont totalement dominants en termes de contrôle aérien et de moyens antiaériens. Donc il faut avoir l'autorisation, et j'imagine qu'Israël n'a pas donné son accord comme ça. Ça a donc été relativement long.

Est-ce que ça peut être la première pierre d'un pont aérien, qui est quelque chose d'assez lourd diplomatiquement à mettre en place ?

Je crois que les Israéliens n'accepteront jamais. Aujourd'hui, ils sont sur un modèle qui est extrêmement dominant, extrêmement destructeur. Ils n'ont aucun intérêt à ce que l'ancien modèle de Gaza survive, ils sont en train d'éradiquer le système du Hamas, ils sont en train de détruire les centaines de kilomètres de tunnels qui ont été trouvés. Donc aujourd'hui, leur problème, c'est que la population s'écarte, aille en direction des frontières. Idéalement, il aurait fallu que l'Égypte ouvre ses portes, mais pour l'instant, les Gazaouis sont coincés à Gaza.

Est-ce que cette action française avec la Jordanie peut changer l'image de la France dans les pays arabes ? Une France qui a été vertement critiquée dans les premières semaines du conflit.

Je ne crois pas. Il y a peu de retours avec les actions humanitaires en général. On va considérer que c'est normal d'aider des populations. Donc ce n'est pas un acte politique. On peut dire que c'est un acte de présence, mais pas un acte politique. Encore une fois, la France a été ambiguë, mais comme tous les États européens. Les Français étaient plutôt d'accord avec Israël après le 7 octobre dans son action visant à détruire le Hamas. Après le problème, ce sont les destructions qui ont été opérées sur la population gazaouie, devenues insupportable. Là, la France a nuancé son propos, avec l'organisation à Paris le 9 novembre d'une espèce de grande conférence humanitaire avec plusieurs chefs d'État. Mais encore aujourd'hui, Israël a les mains libres et, poussé par les Américains, ne changera pas son optique, ne changera pas sa ligne de conduite et ira au bout du processus. Ça a d'ailleurs été rappelé par le ministre de la Défense israélien [qui a dévoilé jeudi son premier plan de "l'après-guerre" dans la bande de Gaza].

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