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Guerre Israël-Hamas : Médecins sans frontières a "perdu contact avec l'ensemble de [ses] équipes" dans la bande de Gaza mais "restera autant que possible"

"Il n'y a aucun endroit où aller pour trouver refuge" déplore Léo Cans, chef de mission de Médecins sans frontières dans les territoires palestiniens.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Du personnel médical de l'hôpital de Kuwait, à Rafah, au sud de la bande de Gaza, le 22 octobre 2023. (SAID KHATIB / AFP)

Depuis vendredi 27 octobre, les communications et internet sont coupés dans la bande de Gaza."On n'est plus en capacité de coordonner la réponse humanitaire" mais "on restera autant que possible", a alerté sur franceinfo Léo Cans, chef de mission de Médecins sans frontières dans les territoires palestiniens. 

Depuis le 7 octobre et l'attaque du Hamas, le territoire de la bande de Gaza est sous le feu des bombardements israéliens. Les équipes humanitaires demandent un cessez-le-feu pour protéger la population civile.

franceinfo : Avez-vous réussi à avoir des nouvelles de vos équipes ?

Léo Cans : Internet et tous les réseaux téléphoniques ont été coupés depuis hier [vendredi] soir, donc on a perdu le contact avec l'ensemble de nos équipes, excepté avec de petits groupes au nord et au sud avec lesquels on garde le contact grâce à un téléphone satellite.

Comment vont vos équipes ?

Elles vont très mal, elles sont dans une situation totalement impossible. Avant cette nuit [du vendredi 27 au samedi 28 octobre] qui a été la plus grosse nuit de bombardements, ils nous disaient qu'ils n'avaient jamais vu des bombardements d'une telle intensité. Donc, la nuit dernière a été terrible. Ils travaillent très dur la journée, la nuit ils ne peuvent pas se reposer à cause des bombardements. C'est une situation intenable pour eux. Il n'y a aucun endroit où aller pour trouver refuge.

Est-ce qu'il y a des morts ou des blessés ?

Jusqu'à maintenant tous les collègues MSF ont été épargnés, par contre beaucoup ont rapporté qu'il y avait des morts dans leurs familles. Beaucoup ont perdu leur maison, beaucoup ont dû la quitter soit parce qu'elle avait été bombardée, soit parce qu'ils ont fui à cause des bombardements. Certains se retrouvent à dormir dehors.

Pensez-vous que vous allez pouvoir rester ?

Depuis les bombardements, la sécurité est extrêmement compliquée à gérer pour nous et pour les équipes. Maintenant que les communications sont coupées, cela a d'énormes conséquences sur notre capacité à coordonner la réponse. On n'est plus en capacité de coordonner la réponse humanitaire.

"Il y a une volonté d'empêcher toute aide humanitaire et médicale à la population et c'est inacceptable."

Léo Cans

à franceinfo

Ne plus pouvoir contacter les gens par téléphone, ne plus pouvoir s'organiser, coordonner les mouvements, cela n'est plus possible. Il n'y a plus de mots pour qualifier la situation.

Êtes-vous encore utile compte tenu des conditions actuelles ?

Je tiens à rendre hommage à tous les personnels soignants. Il y a encore des équipes qui travaillent jour et nuit dans les hôpitaux, qui se dédient corps et âme, qui risquent leur vie pour soigner les patients qui arrivent.

Psychologiquement c'est extrêmement difficile, physiquement c'est extrêmement difficile et on continue à les soutenir autant qu'on peut de loin. On restera autant que possible. On est prêt à intervenir, de nouvelles équipes sont prêtes à venir si les frontières ouvrent. On a du matériel médical et des médicaments qui sont prêts.

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