Guerre entre Israël et le Hamas : une nuit de frappes sans précédent sur le nord de la bande de Gaza, les ONG ont perdu le contact avec leurs équipes
Une nuit de frappes sans précédents sur la bande de Gaza. Dans la nuit de vendredi à samedi 28 octobre, Israël a pilonné le nord de la bande de Gaza, d'une intensité jamais atteinte encore ces derniers jours. Les forces israéliennes avaient prévenu, dès vendredi soir, qu'elles allaient étendre leurs opérations terrestres, après de nouvelles incursions dans le territoire palestinien.
À trois kilomètres de la frontière, depuis la ville israélienne de Sdérot, pendant des heures, cette intensification des bombardements, incessants, se voyait à l'oeil nu : les flashs de l'artillerie israélienne perçaient l'obscurité de cette nuit moite, et au loin, des lueurs et le ciel qui a pris une teinte orangée.
Au sol aussi, cette intensification se constatait aussi : des jeeps pleines de soldats défilent en colonne, sur les routes désertées par les habitants, visiblement en direction de Beit Hanoun, à Gaza, l’une des cibles de cette nouvelle opération-éclair. Cet assaut israélien est également mené dans les airs : des drones, des avions de chasse, des hélicoptères ont tourné quasiment sans interruption. Et puis, à travers les champs, il y a autre chose qui ne trompe pas : le son des tirs en rafales d'armes automatiques.
Un black-out total, les ONG ont perdu le contact avec leurs équipes
Que sait-on exactement de cette nouvelle opération israélienne ? D'abord, qu'il s'agit d'une nouvelle incursion terrestre, la troisième ces derniers jours, qu'elle a débuté vendredi soir vers 20 heures. Le Hamas évoque de violents combats menés dans l'enclave palestinienne, notamment près de la ville de Beit Hanoun. C'est le débouché du point de passage de Eretz, le point d'entrée et de sortie de la bande de Gaza au nord, quand elle n'est pas totalement bouclée
Toute la zone israélienne jusqu'à quatre kilomètres environ avec la frontière de Gaza a été déclarée zone militaire. On avait vu ces derniers jours des chars se masser sur ces cultures maraîchères entre les champs. Toutes les routes étaient déjà coupées, interdites d'accès depuis au moins deux jours.
Et depuis hier soir, toutes les communications avec la bande de Gaza sont également coupées. Plus aucun contact n'est possible avec les populations sur place, dont on sait qu'elles manquent de tout, d'eau, de nourriture, d'électricité, de médicaments. Cette coupure des communications inquiète en premier lieu les ONG. Cela pourrait servir de couverture à des atrocités de masse, dit Human Rights Watch. MSF, le Croissant-Rouge, Amnesty International aussi ont perdu tout lien avec leurs équipes sur place et sans communication.
Impossible aussi, par exemple, d'appeler les numéros d'urgence, d'envoyer d'éventuelles ambulances qui auraient encore un peu de carburant pour rouler vers les Gazaouis qui auraient été blessés dans les bombardements.
L'inquiétude est aussi manifeste à Tel-Aviv pour les 225 otages retenus à Gaza depuis le 7 octobre. Israël accuse le Hamas d'utiliser l'hôpital Shifa, le principal hôpital de Gaza, pour dissimuler ses tunnels, ses centres opérationnels et donc probablement les otages. Avant hier, leurs familles ont demandé au gouvernement de faire de leur libération une priorité avant d'attaquer. Elles n'ont pas été entendues par le ministre de la Défense, qui maintient donc son objectif éradiquer le Hamas à tout prix. L'armée israélienne, dans un communiqué publié samedi 28 octobre au matin, annonce avoir frappé 150 cibles souterraines dans la nuit.
"On veut juste vivre en paix"
Dans un rare moment de silence, à deux pas de la guerre, ce sont les grillons que l'on entend. Côté israélien, les habitants sont rares, mais certains sont restés, notamment dans cette ville de Sdérot et malgré la menace de ripostes de roquettes du Hamas. Certains Israéliens continuent de se terrer dans des abris et les lumières aux fenêtres sont rares. Dehors, on rencontre Raed, un Jordanien installé là depuis quinze ans. "Il y a trop de bombardements en ce moment", reconnaît-il. Resté chez lui à Sdérot, malgré l'appel à évacuer d'il y a deux semaines, il dit qu'il n'a pas peur, qu'il ne partira pas parce que c'est là qu'il vit, là qu'il travaille. Il ne veut qu'une chose : "vivre en paix".
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