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Guerre entre Israël et le Hamas : pourquoi le poste-frontière de Rafah est crucial pour la bande de Gaza

Porte d'entrée de l'aide humanitaire, et de sortie pour les civils cherchant à fuir la guerre entre le Hamas et Israël, Rafah est le seul point de passage de Gaza qui ne soit pas contrôlé par l'Etat hébreu.
Article rédigé par franceinfo
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Une ambulance transportant des Palestiniens blessés arrive au poste-frontière de Rafah, qui relie la bande de Gaza à l'Egypte, le 1er novembre 2023. (ASHRAF AMRA / ANADOLU / AFP)

Coincés dans la bande de Gaza depuis le début de l'offensive de l'armée israélienne, près de 400 étrangers et binationaux ont pu fuir l'enclave palestinienne pour l'Egypte après l'ouverture du poste-frontière de Rafah, mercredi 1er novembre. Des dizaines de Palestiniens grièvement blessés ont également été transportés dans le pays voisin, la première évacuation de ce type depuis le début du conflit entre le Hamas et Israël. Alors que la bande de Gaza est soumise à un siège total par l'armée israélienne, Rafah est sa seule ouverture vers le reste du monde. Franceinfo vous explique pourquoi le sort de ce poste-frontière est au cœur de toutes les attentions.

Parce que c'est le seul point de passage avec un pays tiers

Depuis 2007, la bande de Gaza est soumise à un strict blocus imposé par Israël. Des points de passage pour le transit des personnes et des marchandises existent entre l'Etat hébreu et l'enclave palestinienne, comme celui d'Erez. Mais ces postes-frontières ont tous été fermés après les attentats du Hamas, le 7 octobre.

Situé au sud de la bande de Gaza, à sa frontière avec l'Egypte, le point de passage de Rafah est le seul à ne pas être contrôlé par l'armée israélienne ni directement concerné par ce blocus. Mais quelques jours après le début de l'offensive à Gaza, Tsahal a ciblé plusieurs fois le terminal de Rafah, endommageant notamment l'axe routier qui le dessert, ce qui a conduit les autorités égyptiennes à le fermer temporairement.

Parce qu'il permet l'acheminement de l'aide humanitaire 

Depuis le début de la riposte de l'Etat hébreu, la situation humanitaire dans l'enclave assiégée par l'armée israélienne est alarmante. Vendredi, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a ajouté les Territoires palestiniens (c'est-à-dire Gaza et la Cisjordanie) à la liste des pays et territoires nécessitant une aide alimentaire extérieure. "L'escalade du conflit est susceptible d'accroître les besoins d'aide humanitaire et d'assistance d'urgence", s'inquiète-t-elle.

Privés d'eau, de nourriture et d'électricité, les 2,4 millions de Gazaouis vivant dans cette langue de terre exiguë sont entièrement dépendants de l'aide extérieure qui arrive au compte-gouttes. Une situation aggravée par la fermeture du terminal de Rafah durant plusieurs jours, qui a accru les pénuries dans l'enclave.

Le 19 octobre, l'Egypte a annoncé la réouverture du poste-frontière et le "passage durable" d'une aide humanitaire, après des travaux pour réparer la route endommagée par l'aviation israélienne. Depuis cette reprise du trafic, 250 poids lourds sont entrés dans la bande de Gaza. Une aide encore insuffisante : selon l'ONU, il faudrait au minimum 100 camions par jour pour répondre aux besoins de la population gazaouie. L'opérateur du Croissant-Rouge à Rafah, Khaled Walid, interrogé par La Croix, explique la lenteur de l'acheminement par les inspections imposées par Israël sur son territoire, à Kerem Shalom et Nitzana : " Les camions sont envoyés à 50 kilomètres, puis reviennent à Rafah avant d'entrer en Palestine."

Parce qu'il permet aux blessés et aux étrangers d'être évacués 

Pour la première fois depuis le 7 octobre, les autorités égyptiennes ont pu évacuer 76 blessés palestiniens à bord d'ambulances, mercredi. Quelque 361 étrangers et binationaux ont également été autorisés à traverser le poste-frontière, selon le décompte d'un responsable égyptien. Mais cette première opération d'évacuation s'est réalisée sous tensions, alors que la foule se pressait à l'entrée du terminal pour tenter de quitter le territoire palestinien. "Les gens se battaient, c'est très difficile", décrit René Elter, un archéologue français autorisé à partir.

Parmi les étrangers évacués figurent une trentaine d'Autrichiens, quatre Italiens, cinq Français et des ressortissants allemands, dont le nombre n'a pas été précisé par Berlin. Leur convoi a rejoint la ville d'El-Arich, à une cinquantaine de kilomètres, dans le désert du Sinaï. Ils y ont été accueillis par les représentations diplomatiques présentes en Egypte, rapporte Le Monde.

Ces évacuations de civils par le point de passage de Rafah devraient se poursuivre. Des centaines de binationaux et de ressortissants étrangers attendent encore de pouvoir fuir Gaza. L'Egypte s'est engagée, jeudi, à aider à faire sortir "environ 7 000" d'entre eux de l'enclave palestinienne. Le calendrier et les détails du plan d'évacuation égyptien n'ont pas été dévoilés.

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