Cet article date de plus de deux ans.

Frappes sur Gaza : "L'armée israélienne se prépare à une escalade", analyse un spécialiste

Depuis vendredi, des échanges de tirs ont lieu entre Israël et Gaza. C'est l'arrestation, en début de semaine, d'un chef du groupe Jihad islamique en Cisjordanie occupée qui a mené à cette nouvelle confrontation armée. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Le Jihad islamique a répliqué avec des tirs de roquette aux frappes israéliennes, le 5 août 2022. (MAHMUD HAMS / AFP)

"L'armée israélienne se prépare à une escalade" des tensions avec le Jihad islamique, installé dans la bande de Gaza, analyse le journaliste, ancien correspondant de France 2 à Jérusalem, Charles Enderlin samedi 6 août sur franceinfo. Lundi dernier, les forces de sécurité israélienne ont interpellé l'un des chefs du Jihad islamique. En représailles, l'organisation armée a aussitôt annoncé la mobilisation générale. Vendredi, Israël a annoncé avoir frappé les positions du Jihad islamique dans la bande de Gaza qui a répliqué par des tirs de roquette. Depuis les échanges de tirs se poursuivent, faisant de nombreuses victimes.

franceinfo : Assiste-t-on au début d'une nouvelle longue guerre ouverte ?

Charles Enderlin : C'est la grande question. On sait toujours comment débute une opération militaire ou une guerre mais on ne sait jamais comment elle se termine. L'armée israélienne se prépare à une escalade : des unités importantes d'infanterie et de blindés sont déployées autour de Gaza pour une éventuelle opération terrestre, 25 000 réservistes sont rappelés, il est question de mettre en place un plan d'évacuation d'habitants des localités voisines… Tous les éléments sont réunis.

"Maintenant, la question est de savoir si le Hamas, l'autre grand groupe armé palestinien dont les capacités militaires sont bien plus importantes que celles du Jihad islamique va participer et lancer également des roquettes en direction d'Israël."

Charles Enderlin, ancien correspondant de France 2 à Jérusalem

à franceinfo

Pour l'instant, les Israéliens font très attention à ne pas cibler le Hamas et n'arrêtent pas de leur répéter qu'ils n'ont rien contre le Hamas. [Si le Hamas entrait dans la danse], cela durcirait considérablement le conflit militaire, le Hamas ayant la capacité de tirer des missiles en direction notamment de Tel Aviv et même au nord de la ville et pourrait perturber les vols internationaux de l'aéroport Ben Gourion.

Le Jihad islamique dit avoir tiré 100 roquettes vers Israël. Il dit même que Tel Aviv a été touché. Est-ce vrai ? Que disent les médias israéliens ?

Les médias israéliens sont passés au mode "tout info", c'est un peu le mode guerrier. Selon eux, aucun missile n'est tombé sur Tel Aviv même. Il y a eu quelques missiles du Jihad islamique qui ont été tirés en direction de quelques faubourgs de la ville, plutôt au sud. 170 roquettes ont été tirées par le Jihad islamique au total mais la moitié a été interceptée par les dômes de fer, les batteries anti-missiles. En Israël, pour l'instant, il n'y a ni victime ni dégât. La plupart des obus de mortiers tirés par le jihad islamique sont jusqu'à présent inoffensifs.

Y a-t-il une volonté politique de régler ce conflit avant qu'il n'empire ?

Le conflit entre Israël et les mouvements islamistes à Gaza ne paraît pas être près d'être réglé. Le seul élément qui peut peut-être ramener le calme est la situation économique. Les Israéliens ont autorisé, au cours de l'année écoulée, près de 25 000 ouvriers de Gaza à venir travailler quotidiennement en Israël. Cela apporte un peu d'argent à l'intérieur de la bande de Gaza qui est un territoire sous blocus israélien extrêmement pauvre avec un énorme problème humanitaire. À l'heure actuelle, on assiste à une amélioration économique et sociale à Gaza. Est-ce que cela va durer ? On n'en sait absolument rien. Sur le plan politique, le processus de négociation est totalement bloqué. Il ne se passe rien, il n'y a aucune négociation avec l'Autorité autonome palestinienne dont les dirigeants sont en faveur de la solution à deux États, tandis que le Hamas et le Jihad islamique s'y refusent.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.