Reportage Guerre au Proche-Orient : de nombreux Libanais se disent "traumatisés", "effrayés", "détruits psychologiquement"

Près d’un mois après le début de la guerre ouverte entre Israël et le Hezbollah, le Liban compte désormais plus d’un million de déplacés et vit au rythme des frappes israéliennes quotidiennes.
Article rédigé par franceinfo - Sébastien Sabiron, Gilles Gallinaro
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Un nuage de fumée éclate après une frappe aérienne israélienne sur la banlieue sud de Beyrouth (Liban) le 19 octobre 2024. (ANWAR AMRO / AFP)

Son regard clair se voile lorsqu’elle évoque son parcours. Il y a trois semaines, Fatmé, 35 ans a fui avec ses trois enfants, Tefahta, son village du sud du Liban. Depuis, ils vivent avec quatre autres familles dans la salle de classe d’une école de Beyrouth. "Tout ce qu’on a vécu nous a traumatisés, surtout le bruit, confie-t-elle. À peine ma fille entend une porte claquer qu'elle met les mains sur ses oreilles. Quand elle veut aller aux toilettes, je dois l’accompagner".

"Moi je suis détruite psychologiquement car je suis incapable de répondre aux questions de mes enfants, ajoute Fatmé. Quand ils me demandent : 'Maman, pourquoi il y a la guerre ? Pourquoi on bombarde chez nous ?' Que voulez répondre à ça ?"

Soutenue par l’Unicef, l’ONG Embrace organise des groupes de parole sur place, avec des bénévoles dont Lara Jaloul, psychologue pour enfants. "Les enfants qui n’arrivent pas à dormir, les parents qui sont irritables, en colère, effrayés. C’est très douloureux de voir cela, raconte-t-elle. On leur a parlé notre ligne téléphonique contre les idées suicidaires, qui est ouverte en permanence. On espère que les gens nous appelleront pour réclamer de l’aide".

Lara Jaloul, psychologue pour enfants de l’ONG Embrace, à Beyrouth (Liban). Octobre 2024 (SEBASTIEN SABIRON / RADIO FRANCE)

Environ 300 appels par semaine

Dans les locaux de la "lifeline", la ligne de vie, on compte plus de 300 appels par semaine, un chiffre en augmentation depuis le début de la guerre ouverte avec Israël. "Tous sont en état de choc, ils sont très anxieux, relate Mira Dali Balta, psychologue clinicienne. Leur voix tremble énormément, on peut entendre beaucoup de désespoir et d’impuissance dans leur voix".

"On voit très clairement des symptômes de troubles anxieux, de dépression. Et en fait, certains ont déjà un syndrome de stress post-traumatique."

Mira Dali Balta, psychologue clinicienne

à franceinfo

Les appelants sont parfois très jeunes, parfois très âgés mais ils partagent souvent les mêmes symptômes. Différentes histoires, différentes guerres, différentes époques, mais des blessures psychologiques qui traversent les générations.

Témoignages de Libanais victimes collatérales de la guerre : reportage de Sébastien Sabiron et Gilles Gallinaro

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