Reportage "Israël ne fait pas la différence entre les militaires et les civils" : dans le sud du Liban, des familles bloquées dans leur village, au cœur des bombardements

De nombreuses familles sont coincées chez elles à cause des frappes israéliennes visant le Hezbollah dans la région. Devant le risque d'être bombardées dehors, elles n'osent plus sortir.
Article rédigé par franceinfo - Arthur Sarradin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
De la fumée s'échappe après une frappe israélienne sur le village de Kfar Tibnit, dans le sud du Liban, le 13 octobre 2024. (AFP)

Dans le sud du Liban, l’armée israélienne élargit ses incursions et ses ordres d’évacuation. Des dizaines de villages libanais sont concernés par les bombardements, le Liban fait face à un exode historique : 1,5 million de déplacés. Pourtant, malgré les risques, des familles souvent nombreuses sont parfois bloquées dans leur village au cœur des bombardements. 

Dans le village de Zrarieh, près de Tyr dans le sud du Liban, Em Hssein est arrivée il y a deux semaines. Elle a fui un village trop proche de la frontière et s’est réfugiée ici chez de la famille. Sa voiture est tombée en panne à l’entrée du village. "Je l’ai laissée sur le bas-côté. Nous avons beaucoup souffert pour arriver ici, raconte-t-elle. Personne ne vient la réparer parce que le risque est trop grand. Ils pouvaient se faire tirer dessus ou être bombardés. Israël ne fait pas la différence entre les militaires et les civils."

La famille vit à 13 dans la même maison. Les bombardements israéliens entourent le village presque désert. Et pourtant la famille ne peut pas partir, ne sachant pas où aller, où se réfugier, ni où louer une autre maison. Haniyeh, la doyenne de la famille, est en fauteuil roulant. "Des avions tirent, parfois la fumée est emportée ici par le vent, jusqu’à nous, déplore-t-elle. J'espère que la guerre ne sera pas encore plus dure. Que Dieu protégera tous ces jeunes qui la subissent. C’est la guerre la plus violente qu’on ait connue. Moi, j’ai bien connu la dernière guerre, celle de 2006, elle n’était pas aussi meurtrière, ce n’était pas aussi violent qu’aujourd’hui."

Un manque de moyens pour partir

Dans le sud du Liban comme au sud de la capitale, de nombreuses familles précaires n’ont pas eu les moyens de partir. Abu Ali le sait, les risques sont de plus en plus grands. "Des gens qui se sont déplacés ici ont vu leur voiture détruite après l’avoir garée sur la route. Jamais la guerre n’avait été aussi féroce, observe-t-elle. Moi, j’ai réussi à envoyer une partie de ma famille à Beyrouth. Ici, sur la place du village, ils ont déjà détruit six maisons."

"Les bombardements ont tué un gamin de 18 ans et un autre enfant qui avait 7 ans."

Abu Ali, habitant d'un village au sud du Liban

à franceinfo

Les habitants de ces villages ont reçu pour ordre d’évacuer par l’armée israélienne. À quelques kilomètres d’ici les incursions se poursuivent et alimentent les craintes des civils. Celle d’être tués, ou de revivre à nouveau les années de l’occupation.

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