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Prix Nobel : êtes-vous incollable sur les lauréats et leurs exploits ?
La saison des Nobel s'ouvre lundi avec la remise du prix de médecine. L'occasion de tester vos connaissances sur ces prestigieuses récompenses, qui honorent chaque année depuis 1901 les grands esprits de ce monde (ou pas).
Etes-vous prêt à prétendre au prix Nobel de la culture générale ? Du lundi 2 au lundi 9 octobre, le comité Nobel va annoncer les lauréats des six prix remis comme chaque année par la fondation du même nom. Cette saison des récompenses, qui débute par la médecine et s'achèvera par les sciences économiques, donne l'occasion de découvrir les prouesses et accomplissements des grands noms de la physique, de la chimie ou encore de la littérature. La désignation du prix Nobel de la paix permet également d'envoyer un message fort à la communauté internationale.
Mais les nobélisés restent-ils pour autant dans les mémoires ? Les choix des académies qui décernent les Nobel ont-ils bien vieilli ? Testez vos connaissances sur les sélections parfois curieuses et les péripéties de cette vénérable (et imparfaite) institution.
Le scientifique et industriel suédois Alfred Nobel a inventé la dynamite en 1866. Humaniste dans l'âme, inventeur et amateur de poésie, il a ainsi associé son nom à des valeurs qui viennent contrebalancer la force destructrice de sa création.
L'invention du premier pneu à air en caoutchouc, équipé d'une valve qui permet de le gonfler, revient à l'Ecossais John Boyd Dunlop, en 1887. Quant au stéthoscope, il a été inventé en 1816 par le médecin français René Laennec.
En 2023, les lauréats d'un prix Nobel recevront 920 000 euros (11 millions de couronnes suédoises). Ce montant varie depuis une dizaine d'années, au gré de l'évolution des finances de la fondation. Depuis la création du Nobel, il n'a jamais été aussi élevé.
Créé en 1991 aux Etats-Unis, le prix Ig-Nobel n'a pas vocation à se moquer, mais "d'abord à faire rire, ensuite à faire réfléchir", selon ses organisateurs. Il récompense de vrais travaux scientifiques improbables, ainsi que des méthodes de recherche peu orthodoxes. En 2023, le prix de chimie et géologie a ainsi été attribué à un géologue de l'université britannique de Leicester, Jan Zalasiewicz, "pour avoir expliqué pourquoi de nombreux scientifiques aiment lécher des cailloux". Il s'était aperçu qu'au XVIIIe siècle, des géologues "utilisaient le goût des cailloux pour mieux les identifier", a-t-il expliqué.
Ces prix sont désormais décernés en ligne et peuvent compter sur la participation de lauréats du Nobel. L'économiste française Esther Duflo, prix Nobel d'économie en 2019, a par exemple remis en 2023 l'Ig-Nobel de la communication à une équipe de chercheurs hispanophones qui a étudié l'activité neuronale des personnes qui utilisent le verlan.
Bob Dylan a reçu le prix Nobel de littérature en 2016, "pour avoir créé dans le cadre de la grande tradition de la musique américaine de nouveaux modes d'expression poétique", selon les mots de la secrétaire perpétuelle de l'Académie suédoise, Sara Danius. Très discret, l'artiste n'avait pas réagi publiquement à cette annonce et avait exigé que la remise du prix se déroule à huis clos.
Robert Allen Zimmerman, de son vrai nom, avait également refusé de faire un discours à l'occasion de cette cérémonie privée, comme le veut la tradition. A la place, il a envoyé au comité un enregistrement de 30 minutes dans lequel il lit un long texte, accompagné au piano.
En 2007, le comité Nobel norvégien a décerné le prix Nobel de la paix au Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (Giec), ainsi qu'à l'homme politique américain Al Gore. L'ancien candidat à l'élection présidentielle outre-Atlantique a été distingué pour avoir contribué à alerter le grand public sur les conséquences du réchauffement climatique lié aux activités humaines, notamment à travers son documentaire Une vérité qui dérange, sorti en 2006.
Le prix a également récompensé les scientifiques du Giec qui, au fil des années, compilent et synthétisent toutes "les données scientifiques, techniques et socio-économiques (...) utiles à la compréhension des changements climatiques". Créé en 1988, ce groupe composé de milliers de scientifiques – volontaires et non rémunérés – à travers le monde, a publié six rapports de synthèses ainsi qu'une dizaine de rapports thématiques.
Autrefois, les scientifiques considéraient que dans un solide, les atomes devaient s'assembler avec un motif symétrique pouvant se répéter périodiquement afin de former un cristal. Quand, en 1982, le chercheur israélien Dan Schechtman découvre un cristal dans lequel les atomes sont assemblés dans un modèle qui ne peut pas être répété, il révolutionne la conception que les chimistes ont de l'état solide. La découverte des quasi-cristaux lui vaut de recevoir le prix Nobel de chimie en 2011.
Dans le film sorti à l'été 2023, une Barbie scientifique reçoit le prix Nobel de physique. Cette Barbie est interprétée par l'actrice Emma Mackey. S'il existe bien, à Barbiland (le monde imaginaire où vivent les Barbie), une Barbie autrice, célébrée pour ses œuvres et interprétée par Alexandra Shipp, cette dernière ne reçoit pas le prix Nobel de littérature (enfin, pas encore).
De même, le physicien américain Robert Oppenheimer, "père" de la bombe atomique, dont le biopic a fait concurrence au film Barbie dans les salles obscures, n'a quant à lui jamais reçu le prix Nobel de physique.
C'est en 1898 que Pierre et Marie Curie réussirent à extraire du minerai d'uranium deux éléments beaucoup plus actifs que ce dernier : le polonium et le radium, explique le musée Curie. Pour décrire les rayons émis par ces éléments, elle est la première à utiliser le terme de "radioactivité". Après la mort soudaine de Pierre Curie dans un accident, Marie Curie poursuit les travaux et reçoit en 1911 le prix Nobel de chimie.
Non seulement la scientifique devient alors la première femme lauréate de deux Nobel, mais elle demeure à ce jour la seule personne récompensée dans deux disciplines scientifiques distinctes.
Irène Joliot-Curie est la fille aînée de Marie et Pierre Curie. Avec son mari, Frédéric Joliot, elle est récompensée en 1935 pour leur découverte de la radioactivité artificielle. Sa sœur cadette, Eve, est la seule de la famille à ne pas avoir embrassé une carrière scientifique. Elle se distingue cependant en tant qu'autrice et reporter de guerre, héroïne de la France libre et, au début des années 1950, l'une des premières femmes diplomates. Si elle ne décroche jamais la prestigieuse récompense, son mari, le diplomate américain Henry Labouisse, obtient le prix Nobel de la paix en 1965, au nom de l'Unicef, l'organisation qu'il a présidée pendant 15 ans.
Titulaire de la chaire de neurologie à l'université de Lisbonne, le docteur Egas Moniz a travaillé dès les années 1930 au perfectionnement de la technique de la lobotomie (aussi appelée leucotomie préfrontale), convaincu que le fait de réaliser une incision dans le lobe préfrontal pouvait soigner des maladies mentales. Pratiquée dans de nombreux pays jusque dans les années 1960, la technique a été discréditée après que de nombreux patients ont souffert de graves séquelles neurologiques à la suite de l'intervention.
Le Britannique Peter Higgs et le Belge François Englert, "pères" du boson de Higgs, ont été récompensés en 2013 pour leurs travaux sur "la découverte théorique d'un mécanisme qui contribue à notre compréhension de l'origine de la masse des particules subatomiques", selon le comité Nobel. En 1964, les deux hommes avaient émis l'hypothèse de l'existence de cette particule, censée avoir joué un rôle essentiel dans la formation de la matière dans les quelque milliardièmes de seconde qui ont suivi le Big Bang, il y a environ 13,8 milliards d'années. En juillet 2012, l'Organisation européenne pour la recherche nucléaire (Cern) a annoncé la découverte quasi certaine du boson de Higgs, donnant raison à la théorie des deux chercheurs.
Malala Yousafzai avait 17 ans quand elle a reçu le prix Nobel de la paix, devenant la plus jeune lauréate de l'histoire de ces récompenses. La militante pakistanaise pour les droits des femmes est récemment revenue sur la manière peu commune dont elle a appris la nouvelle. "J'étais en cours de chimie ce jour-là", a-t-elle raconté à la radio américaine NPR. "La principale adjointe m'a appelée. En général, elle ne vous appelle que quand vous avez des ennuis. J'étais en mode : 'Je croise les doigts ! J'espère que je n'ai rien fait de mal, s'est-elle souvenue. Mais elle m'a dit que j'avais reçu le prix Nobel de la paix."
Economiste et entrepreneur, le Bangladais Muhammad Yunus a fondé la première institution de microcrédit, la Grameen Bank (la "banque des villages"), en 1983. L'idée de prêter des petites sommes, à long terme, à des personnes exclues des prêts classiques (en particulier des femmes) lui est venue dans les années 1970, alors qu'il enseignait l'économie à l'université bangladaise de Chittagong. Le concept du microcrédit a été repris dans de nombreux pays du Sud, ce qui a valu à son créateur de recevoir le Prix Nobel de la paix en 2006.
Avec l'Américaine Jennifer Doudna, la scientifique française Emmanuelle Charpentier a mis au point la méthode des ciseaux moléculaires. Le principe ? Au sein d'une même cellule, on découpe un gène défaillant et on le remplace par un gène sain. Une technique révolutionnaire qui ouvre la voie à de nouvelles thérapies, notamment pour guérir des cancers. Toutefois, cette découverte soulève d'importantes questions éthiques. Pour empêcher toute dérive eugéniste, un moratoire existe dans plusieurs pays pour interdire la recherche sur les cellules reproductrices.
Le 20 mai 1983, à l'Institut Pasteur, l'équipe du biologiste et virologue français Luc Montagnier et de sa consœur Françoise Barré-Sinoussi annonce avoir découvert le virus responsable du sida, le VIH, une première mondiale. La recherche sur le sida est, à l'époque, tâtonnante. La maladie, nouvelle à l'époque, recèle encore beaucoup de mystères. Cette découverte marque la première étape de la lutte contre une épidémie qui va faire plus de 40 millions de morts dans le monde en quatre décennies.
Le Français Jean-Paul Sartre a été le premier à refuser le prix Nobel, en 1964. Selon André Guigot, philosophe spécialiste de Sartre, "il avait peur d'être enterré de son vivant avant d'avoir terminé son œuvre". Par ailleurs, l'auteur "avait bâti sa pensée sur la critique de toutes les institutions, qu'il considère comme mortifères", selon l'expert. Problème : le comité Nobel ne lui a pas laissé le choix. Il figure donc toujours parmi la liste des lauréats, même s'il a refusé de se rendre à la cérémonie organisée en son honneur et qu'il n'a pas touché la coquette somme qui lui était offerte (l'équivalent de 300 000 euros aujourd'hui).
Quant à Philip Roth, régulièrement pressenti pour recevoir la distinction, il s'est éteint en 2018 sans jamais décrocher le prix. L'écrivain et poète chilien Pablo Neruda a pour sa part failli passer à côté de la récompense. Avant de le distinguer en 1971, les membres de l'Académie suédoise ont longuement débattu pour savoir si son engagement communiste était ou non "compatible avec l'esprit du prix Nobel", selon des archives évoquées par le site Actualitté.
"Mon opinion sur l'ISF, c'est qu'il n'aurait jamais dû être aboli. Aujourd'hui, je pense donc qu'il faut qu'il soit rétabli". Invité de RTL en mai 2020, Esther Duflo s'est exprimée en faveur de cet impôt supprimé en 2018 par Emmanuel Macron. Par ailleurs, cette spécialiste mondiale de la lutte contre la pauvreté a critiqué plus récemment la réforme des retraites portée par le gouvernement, estimant dans un entretien à La Tribune qu'elle "ne [voit] rien de rationnel dans ce projet".
Quant à la piste d'un revenu universel, l'économiste estimait en 2020 dans Le Monde qu'un tel revenu de base, pertinent dans les pays pauvres,"ne peut pas être universel, mais ciblé en fonction d'un objectif : permettre à chacun de jouer son rôle dans la société."
L'ancien Premier ministre britannique Winston Churchill n'a jamais reçu le prix Nobel de la paix. En revanche, il a été récompensé par le prix Nobel de littérature en 1953 pour ses Mémoires de guerre.
L'ex-président américain Barack Obama a lui reçu le prix Nobel de la paix en 2009 "pour ses efforts extraordinaires en faveur du renforcement de la diplomatie et de la coopération internationales entre les peuples", selon les mots du jury. L'ancien président de l'Autorité palestinienne Yasser Arafat a pour sa part été distingué en 1994, aux côtés des Premiers ministres israéliens Shimon Peres et Yitzhak Rabin, pour leurs efforts dans le processus de paix au Proche-Orient.
Avec leurs équipes respectives, Andrea Ghez et Reinhard Genzel ont concentré leurs efforts sur l'étude d'une zone correspondant à un objet céleste émettant des ondes radio et baptisé "Sagittaire A*", au centre de la Voie lactée. Leurs travaux ont permis de déterminer que cette "radiosource" était en fait un trou noir supermassif.
Le prix Nobel a été remis 61 fois à des femmes depuis 1901, dont deux fois à Marie Curie. A titre de comparaison, 895 hommes ont été récompensés depuis sa création. Plus de la moitié des femmes nobélisées l'ont été depuis le début des années 2000. Seules deux femmes ont reçu le prix Nobel d'économie, créé en 1969 : l'Américaine Elinor Ostrom (2009) et la Française Esther Duflo (2019). On compte par ailleurs quatre lauréates du prix Nobel de physique et huit lauréates du prix Nobel de chimie. Les Nobel de la paix et de littérature ont, eux, été décernés à 17 femmes.
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