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Gaza : après le cessez-le-feu, le Hamas multiplie les opérations de communication

Le mouvement, qui gouverne le petit territoire palestinien, veut donner l'impression que toute la population est derrière lui.

Article rédigé par franceinfo - Frédéric Métézeau
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Un enfant au milieu d'un défilé militaire du Hamas à Gaza, le 22 mai 2021. (EMMANUEL DUNAND / AFP)

C’est le défilé des grandes occasions à Gaza, samedi 22 mai : des dizaines d’hommes en treillis, cagoulés, avec bandeau vert islamique autour du front et armes à la main. À pied ou sur des pick-up, ils défilent en hommage à un cadre du Hamas, assassiné par Israël et qualifié de "martyr". "On vit ça depuis la première Intifada. On a des martyrs originaires de chaque rue ici. On pleure tous les martyrs tués à Gaza, chaque famille a son prisonnier ou son martyr", raconte Abid Youssef Oussan, assis à la terrasse d’un glacier avec sa fille.

Si le cessez-le-feu entre Israël et le Hamas tient, ce dernier proclame avoir remporté "une grande victoire". Le mouvement islamiste qui contrôle Gaza, classé terroriste par l’Union européenne, les États-Unis et Israël, multiplie les opérations de communication, voire de propagande. Objectif : montrer que toute la population est derrière lui.

Une communication inédite

Il y a presque 30 ans, Abid Youssef Oussan a cru au processus de paix, avec les accords d'Oslo de 1993 et la création de l'Autorité palestinienne, censée préfigurer un Etat palestinien indépendant. Il en a 46 aujourd’hui et tout ça est terminé. La parade militaire du Hamas renforce ses convictions : "Évidemment, on a passé une vie sur ces pourparlers de paix d’Oslo. Regardez, pendant la deuxième Intifada, quand il y avait des colonies juives à Gaza : en les attaquant et avec les attentats kamikazes du Hamas et de l’OLP, on a réussi à faire partir les Juifs d’ici."

Dans un autre quartier, le Hamas ouvre les portes du plus grand commissariat de la ville. Un bombardement israélien a transformé une partie des lieux en un cratère géant, où les policiers ont planté un drapeau palestinien pour les photographes. Les restes des missiles sont soigneusement alignés. Ahmed Abu Taha, le directeur, explique en quoi ces frappes sont contre-productives : "La police palestinienne est un service public. Nous n’avons aucune vocation politique. Nous sommes au service des citoyens. Avoir détruit notre unité de déminage signifie que les Israéliens se fichent pas mal du danger auquel ils exposent notre population." Une communication imparable et inédite, confie un journaliste palestinien : "Normalement, les portes restent fermées, on est surpris qu’ils soient si transparents."

La stratégie politique du Hamas à Gaza - le reportage de Frédéric Métézeau

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