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Le pape François dans l'ombre du réchauffement Cuba-USA

Le Vatican a abrité une partie importante des discussions entre Américains et Cubains. Le pape François, lui-même Sud-américain, avec sa diplomatie à l'échelle humaine, a joué un rôle important. Il a accéléré la marche à la paix en écrivant deux lettres personnelles aux dirigeants des deux pays.
Article rédigé par Grégoire Lecalot
Radio France
Publié Mis à jour
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  (En écrivant cet été des lettres personnelles aux dirigeants cubains et américains, le pape François a fait basculer les négociations © REUTERS/Tony Gentile)

On aimerait imaginer Aristote, drapé de bleu dans le tableau l'Ecole d'Athènes, étendant sa main sur les hommes qui ont mis fin à l'un des derniers abcès de la Guerre froide. S'il est peu probable que des discussions américano-cubaines aient eu lieu dans les célèbres chambres de Raphaël, le Vatican n'en est pas moins un des lieux d'où sera venue la paix qui se profile entre l'île des Caraïbes et le géant américain.

Vatican-Cuba : une porte toujours ouverte

Dès mars 2012, sous Benoît XVI, l'Eglise a été, au plus haut sommet, partie prenante dans les discussions secrètes. Un groupe de parlementaires américains s'était alors rendu à la nonciature apostolique de Washington pour solliciter l'aide de Pape dans la libération des prisonniers américains à Cuba. Tout particulièrement celle d'Alan Gross, mais pas seulement. Les deux délégations ont abordé la difficile question des échanges d'agents secrets : un Américain emprisonné sur l'île depuis 20 ans et des espions cubains sous écrou depuis 16 ans aux Etats-Unis, pour n'évoquer que quelques cas sur lesquels les deux pays restent discrets. Et c'est au Vatican que les transferts ont été finalisés.

Catalyseur

Que ce soit Jean-Paul II où Benoît XVI, le Saint-Siège n'a jamais totalement coupé les ponts avec l'île communiste. Le premier s'y était rendu en 1998 et le second en 2012 justement. L'arrivée de Raul Castro à la tête du pouvoir avait facilité les choses, son frère Fidel ayant toujours des relations plus complexes avec l'Eglise. Avec sa diplomatie à l'échelle humaine, le pape François a encore accentué le rôle de catalyseur de la diplomatie vaticane. Son origine sud-américaine aura sans doute eu aussi son importance dans ce dossier.

"Je remercie le Vatican et particulièrement le pape François pour son appui " (Raul Castro)

Les protagonistes des deux côté du golfe du Mexique n'ont d'ailleurs pas manqué de le souligner. Le président cubain a "reconnu et remercié le Vatican et particulièrement le pape François, pour son appui ". Et fin mars, les discussions entre le souverain pontife et Barack Obama, en déplacement à Rome, ont essentiellement porté sur Cuba.

Lettres du pape François

Les premières discussions directes entre Américain et Cubains ont eu lieu en juin 2013, au Canada, autre partenaire essentiel qui a toujours servi de lien entre Washington et La Havane. Au début de l'été dernier, le pape François a accentué la pente prise par les discussions en adressant deux lettres personnelles aux deux présidents. Il y insistait sur les détenus et les invitait à améliorer enfin leurs relations. Résultat, la rencontre d'octobre entre les deux parties, au Saint-Siège.

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C'est le credo diplomatique du pape François : s'adresser aux individus et à leur sensibilité. Il forme avec le secrétaire d'Etat du Vatican, le cardinal Pietro Parolin, un véritable tandem. Les deux hommes avaient déjà usé de leur méthode, avec moins de succès, pour tenter de rapprocher Israéliens et palestiniens. Ils ne se découragent pas pour autant : c'est maintenant vers la Chine qu'ils ambitionnent d'orienter leur diplomatie à visage humain.

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