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Italie : la maire de Rome empêtrée dans une affaire de corruption

Sept mois à peine après son élection, Virginia Raggi, la maire de Rome, est convoquée devant la justice dans le cadre d'une enquête pour corruption. Une affaire qui ternit encore un peu plus son image.

Article rédigé par Mathilde Imberty, franceinfo
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Temps de lecture : 5min
La maire de Rome, Virginia Raggi, le 28 janvier 2017. (ANDREAS SOLARO / AFP)

L’élection triomphale de Virginia Raggi semble bien loin. La maire de Rome était convoquée par la justice le lundi 30 janvier, dans le cadre d’une enquête pour corruption. Le rendez-vous a été finalement reporté à une date ultérieure. L’enquête ne la met pas formellement en cause mais concerne son ancien bras droit et ancien chef du personnel, aujourd’hui incarcéré.

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Une épine dans le pied pour Virginia Raggi, issue du mouvement anti-système 5 étoiles, qui peine, plus de sept mois après son élection, à convaincre les Romains de son efficacité.

La chantre de l'anticorruption

Choisie par 67% des électeurs romains en juin en dernier, elle cumule depuis les difficultés. La jeune femme avait fait de l’honnêteté son cheval de bataille, comme le prouve sa toute première déclaration, la nuit du 19 juin, où elle affirme que "nous travaillerons pour ramener la légalité et la transparence dans les institutions. Des principes qui, après 20 ans de mauvaise gestion et après le scandale 'Mafia Capitale', ont disparu de cette ville".

Avec nous, s’ouvre une nouvelle ère.

La toute première déclaration de Virginia Raggi

Mais Virginia Raggi est aujourd'hui convoquée pour faux témoignage et abus de pouvoir. Elle doit s’expliquer sur la promotion du frère de Raffaelle Marra à un poste de direction, Raffaelle Marra étant son ancien bras droit, ancien directeur du personnel, mais qui est aujourd’hui incarcéré pour corruption. Il n’est d'ailleurs pas le seul collaborateur proche à avoir dû démissionner. L’adjointe à l’environnement de Virginia Raggi aussi a dû jeter l’éponge pour cause de conflit d’intérêts.

"Des montagnes de déchets"

Tandis que les scandales secouent la colline du Capitole, la ville n’est toujours pas gérée, déplore, quant à elle, l’opposition municipale, dirigée par Michela Di Biase conseillère pour le parti démocrate. Celle-ci avoue que "cette convocation devant la justice signifie [uniquement] qu’une enquête est ouverte. Rien de plus pour l’instant. Ce n’est pas une raison suffisante pour demander sa démission". Mais malgré tout, elle note qu'un "maire se juge à l’aune de ce qu’il fait [réellement] pour sa ville. À Rome, au-delà des grands discours, nous n’avons pas encore compris comment, par exemple, la maire entendait améliorer le recyclage des déchets, ou quels étaient ses projets pour les transports".

D'ailleurs, selon un récent sondage, sept Romains sur dix estiment que leur vie quotidienne se dégrade. À Tor Sapienza, un quartier périphérique de Rome qui a balayé la gauche aux dernières élections pour voter massivement 5 étoiles, le président du comité de quartier, Roberto Torre, cite entre mille difficultés la gestion des déchets de la ville : "Dans notre quartier nous sommes envahis par les déchets, des montagnes de déchets même toxiques. Le tri sélectif n’existe pas. On nous a livré le kit mais les poubelles sont pleines, les sacs jetés n’importe où... Ce qui change, c’est que c’est pire qu’avant !"

Ce que pensent les gens du quartier ? C’est qu’ils sont incapables de gouverner. Ça me désole, je n’ai rien de personnel contre la maire mais la situation empire.

Roberto Torre, le président d'un comité de quartier de Rome

"Objectif zéro déchet" était l’un des points de campagne de la candidate 5 étoiles. Sur le papier, il lui reste plus de quatre ans pour mener à bien sa politique. Mais les caisses de Rome sont vides. 

Plus d'argent dans les caisses

Outre la liste infinie de ses maux - réseau de transports médiocre, voiries défectueuses, politique culturelle appauvrie - la capitale de l'Italie affiche un déficit budgétaire d’environ 15 milliards d'euros. Impossible de produire des miracles dans ce contexte, argumente le président du groupe 5 étoiles au conseil municipal, Paulo Ferrara.

On nous a laissé une voiture sans le volant et sans les freins !

Paul Ferrara, président
du groupe 5 étoiles
au conseil municipal de Rome

"Nous avons engagé des actions", assure-t-il. "Dans les transports par exemple, nous avons créé de nouveaux couloirs pour les bus et acheté de nouveaux bus. Mais c’est évident qu’il nous reste beaucoup à faire vu l’état désastreux dans lequel nous avons récupéré Rome (...)". Il explique que "si tout cela prend du temps, c’est parce que nous faisons les choses dans la légalité".

Le Mouvement 5 étoiles sait qu’il joue en bonne partie sa crédibilité à Rome. Le fondateur, Beppe Grillo, a renouvelé son soutien à Virginia Raggi. Mais d’éventuelles poursuites judiciaires pourraient changer la donne.

Une nouvelle épine dans le pied de la maire de Rome. Reportage de Mathilde Imberty.

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