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Les Israéliens adoptent la végétalienne attitude

A Tel-Aviv, le festival Vegan Fest a rassemblé 15.000 personnes, le 13 octobre 2014. Le culte du végétalisme séduit de plus en plus d’Israéliens au point que l’armée propose à ses soldats des menus végétaliens.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Un stand de produits bio au Vegan Fest, le 13 octobre 2014,  dans la localité de Raman Gat près de Tel Aviv. (AFP PHOTO / JACK GUEZ)

Israël semblait prédisposé au succès du végétalisme: les fruits et les légumes prennent en effet une place importante dans l’alimentation. Certains des produits les plus caractéristiques pouvaient d'ailleurs passer pour végétaliens avant l'heure, comme le humus ou le falafel, faits à partir de pois chiches. «4% des Isaréliens se déclarent vegans, c'est le pays le plus végétalien au monde», affirme Omri Paz, organisateur du festival Vegan Fest.

Durant cette grand-messe végétalienne, Domino's Pizza a été le stand le plus fréquenté. En 2013, le géant américain de la pizza à domicile avait ajouté à sa carte locale une pizza 100% végétale, gratinée au fromage de soja. Il assure depuis en avoir vendu 300.000.  A la différence des végétariens qui ne mangent pas de viande, les végétaliens (ou vegans en anglais) ne consomment ni lait, ni oeufs, ni miel et aucun aliment d’origine animale. Plus qu'un mode d'alimentation, c'est aussi un mode de vie.

Ainsi, beaucoup refusent de porter du cuir et d'utiliser des cosmétiques testés sur des animaux. «Viande = meurtre» ou «le tofu lui ne crie pas de douleur», pouvait-on lire sur le tee-shirt d'adolescents qui s'étaient donné rendez-vous sur la pelouse du Vegan Fest. L'un d'eux a déclaré s'être converti au végétalisme en voyant une vidéo de Gary Yourofsky, activiste de la cause animale (très populaire aux Etats-Unis et quasiment inconnu en France) qui compare la consommation de viande à l'Holocauste. «En tant qu'Israélienne, je ne peux pas fermer les yeux, je ne veux pas faire comme tout ceux qui disaient pendant la Shoah qu'ils ne savaient pas», affirme Tamar, 16 ans.

Shoah des animaux

En Israël, la référence à une «Shoah des animaux» touche une corde très sensible, mais «c'est justement dans cette provocation que réside son pouvoir de conviction si important chez nous», analyse Rafi Grosglik, sociologue de l'alimentation à l'université de Tel-Aviv.

Même l'armée israélienne, miroir de la société devant lequel passe toute la jeunesse masculine et féminine du pays, semble s'être laissée convaincre. Elle propose désormais à ses soldats des Rangers sans cuir et leur offre un petit pécule pour acheter des aliments de substitution. Le principe alimentaire juif de la cacherout interdisant le mélange de viande et de produits laitiers, incite à cuisiner avec des produits de substitution, notamment pour les desserts.

«Il est aussi intéressant de remarquer qu'en Israël, les vegans sont souvent en rupture avec la culture végétalienne hippie ou hindouiste et se réfèrent plutôt à une rhétorique de la force qui privilégie l'activisme violent», ajoute l'universitaire.

269Life marqué au fer rouge
Depuis 2012, un groupuscule d'activistes végétaliens radicaux baptisé 269Life – numéro tatoué dans l'oreille d'un veau qu'ils avaient sauvé de l'abattoir dans une ferme d'Israël – multiplie les opérations coup de poing. Ses militants ont par exemple organisé une séance de tatouage au chalumeau et au fer rouge de ce numéro à même leur peau sur la place Rabin de Tel-Aviv, posé des têtes de moutons sanguinolentes dans une fontaine publique de la ville ou encore libéré en pleine nuit des troupeaux de vache de fermes industrielles.

Moins radicaux, des groupes dédiés à la communauté vegan israélienne regorgent sur Facebook: les «vegays» pour les homosexuels végétaliens ou les «adolescents végétaliens» qui militent pour des menus adaptés à la cantine.

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