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Israël : Netanyahou chef de l'opposition sera "redoutable", prédit le politologue Denis Charbit

Denis Charbit, professeur de sciences politiques à l'Université ouverte d'Israël, livre sur franceinfo dimanche son analyse sur l'avenir de la coalition qui s'apprête à gouverner en Israël.

Article rédigé par franceinfo
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Un manifestant israélien mime l'essuyage d'une larme sur une affiche représentant le Premier ministre Benjamin Netanyahu lors d'une manifestation contre lui devant sa résidence à Jérusalem, le 12 juin 2021. (EMMANUEL DUNAND / AFP)

"Netanyahou quitte le pouvoir mais reste chef de l'opposition à la Knesset, sa présence permanente sera sans doute redoutable", indique dimanche 13 juin sur franceinfo Denis Charbit, professeur de sciences politiques à l'Université ouverte d'Israël. Il livre son analyse sur l'avenir de la coalition qui s'apprête à gouverner en Israël, une "coalition melting-pot qui peut ouvrir un nouveau chapitre dans les relations entre groupes sociaux à l'intérieur d'Israël". De son côté, le Premier ministre sortant va tenter de "conserver son autorité" dans son parti alors qu'une "Nuit des longs couteaux est en train de se tramer au sein du Likoud", estime Denis Charbit.

franceinfo : Cette coalition hérétoclite, composée de partis de gauche du centre, de droite, une formation arabe, peut-elle fonctionner ?

Denis Charbit : C'est la question que tout le monde se pose et personne ne peut encore savoir ce qu'il en sera ou combien de temps elle durera. Je dirais qu'il y a quand même pas mal de raisons qui font plaider l'optimisme. D'abord, on sort de deux ou trois années de crise politique interminable. Il y a énormément de travail sur la planche et avant de se diviser sur des affaires politiques et religieuses, ils ont d'abord à remettre en marche la haute fonction publique, la justice, ils doivent procéder à des nominations qui ont été bloquées depuis trois ans.

Il faut souligner le fait que Netanyahou certes quitte le pouvoir mais reste chef de l'opposition à la Knesset, je pense que sa présence permanente sera sans doute redoutable. Ils [la coalition] vont devoir tenir, tout simplement pour ne pas le voir revenir et reprendre le poste de Premier ministre. Ils estiment qu'ils ont fait une œuvre historique, et ça ne consiste pas simplement en un jour, mais il faut tenir dans la durée. Je dirais que quand on voit la division du pays entre les multiples groupes sociaux et le fait qu'on ait une coalition melting-pot en quelque sorte, cela peut peut-être ouvrir un nouveau chapitre dans les relations entre ces groupes sociaux à l'intérieur d'Israël, un pays fortement divisé notamment par Netanyahou qui a excité ces divisions pendant trois ans.

La nouvelle coalition va notamment devoir gérer les suites du conflit armé entre le Hamas et l'armée israélienne à la mi-mai, avec une trêve encore précaire. Ca peut être un obstacle ?

D'abord, n'oublions pas que le ministre de la Défense reste en lice, donc celui qui a géré l'opération militaire continuera de le faire. Les opérations militaires ont lieu tous les cinq ou six ans, donc d'une certaine manière, le fait que l'opération militaire ait déjà eu lieu ça donne un certain boulevard et ça peut éviter que les contradictions idéologiques au sein de cette coalition, qui existent entre Naftali Bennett et les dirigeants de Meretz ou du Parti travailliste, ne vont pas éclater. Bien sûr, il y aura des défis, il y a par exemple cette semaine une "marche au drapeau" dans le quartier musulman de Jérusalem. On va voir comment ils prennent leurs responsabilités. C'est une chose d'avoir des convictions et une autre de maintenir l'ordre public et d'essayer de tenir ensemble. Si ce n'est pas le cas, la droite n'est pas loin et elle dispose encore d'une forte représentation politique à la Knesset pour menacer et reprendre les choses en main.

Est-ce que Netanyahou a toujours la main au sein du Likoud, n'est-il pas un peu rejeté au sein de son parti ?

Cela fait partie aussi de la Nuit des longs couteaux qui est en train de se tramer au sein du Likoud. Netanyahou veut conserver son autorité et parle d'élections primaires immédiates pour empêcher tout candidat rival qui voudrait prendre sa succession. D'autres dans le parti sont en colère. Aujourd'hui, le parti a trente députés et 25% de l'électorat. Si le Likoud n'est pas au pouvoir aujourd'hui, ce n'est pas parce qu'il n'y a pas une majorité de droite parlementaire pour constituer un gouvernement, c'est parce que Netanyahou a décidé de se maintenir envers et contre tout. Cet échec, il est possible que des leaders du Likoud l'expriment publiquement, même si jusqu'à présent ils ont plutôt fait preuve de loyauté. Mais on pense que dans coulisses, les choses vont commencer. Des ministres qui ont été près de dix ans au pouvoir et à partir de demain ils deviennent des députés, pour beaucoup d'entre eux la conversion va être extrêmement difficile.

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